Comme aux Etats-Unis, certains fabricants chinois de systèmes de caméras de sécurité sont écartés au Royaume-Uni au nom de la sécurité nationale. La crainte de d’une utilisation détournée et d’un espionnage par les caméras conduit les autorités à bannir la firme Hikvision.
Ce spécialiste des systèmes de surveillance est déjà placé sur la liste noire des Etats-Unis depuis 2019 et fait l’objet de contraintes pour ses activités commerciales avec des entreprises et entités US.
Il va désormais subir un sort similaire en Grande-Bretagne, le Parlement britannique ayant décidé, après une évaluation de sécurité, de stopper le déploiement de ces équipements qui représentent « une menace pour le Royaume-Uni » par leurs capacités et leur connectivité.
Crainte d’espionnage et d’usages détournés
La crainte reste que les services de renseignement chinois aient accès à des informations sensibles en récupérant les flux vidéo des caméras de sécurité. Hikvision se défend en affirmant que ni l’entreprise ni des acteurs tiers n’ont accès aux flux vidéo ou ne récupèrent ces données.
Mais le blocage de Hikvision, ainsi que de Dahua, autre spécialiste de la vidéo, est aussi une réaction contre l’utilisation de leurs technologies pour opprimer la communauté des Ouïghours dans le Xinjiang.
Les services gouvernementaux britanniques sont désormais invités à démonter les équipements et à les remplacer sur les sites sensibles, sans attendre les programmes de renouvellement des équipements.
Hikvision se défend
Les caméras de surveillance de Hikvision et Dahua sont largement présentes dans différentes instances au Royaume-Uni, des services de santé aux universités en passant par les forces de l’ordre.
Hikvision a indiqué que tous ses produits répondent aux normes et réglementations du pays. La question qui se pose sans doute est de savoir si, derrière une façade de légalité, les logiciels des entreprises concernées comprennent des portes dérobées (ou backdoors) laissées sciemment et discrètement pour n’être activées que le moment venu.
C’était l’une des interrogations aux Etats-Unis et ailleurs qui cherchait à justifier le fait d’écarter le groupe chinois Huawei des contrats pour les équipements télécom du pays.A l’examen, des failles ont été trouvées dans les logiciels de l’équipementier mais sans pouvoir préciser si elles étaient intentionnelles ou non.
Véritable menace pour la sécurité nationale ou pression sur les entreprises chinoises, le Royaume-Uni a pris une position qui ne va pas améliorer des relations déjà tendues avec la Chine et alignée sur celle de l’allié américain.