Séisme dans le monde des jeux vidéo. L’autorité de la concurrence britannique (CMA) s’est opposée, mercredi 26 avril, à ce qui s’annonce comme la plus grande opération jamais réalisée dans le secteur : l’acquisition annoncée le 18 janvier 2022 par Microsoft des studios de jeux vidéo Activision Blizzard, détenteurs, entre autres, de licences à succès telles que Call of Duty, Warcraft, Diablo ou, dans le jeu sur mobile, Candy Crush. Montant proposé de l’opération, près de 69 milliards de dollars (63 milliards d’euros).
L’opération doit permettre à Microsoft – dont la capitalisation en Bourse dépasse les deux mille milliards de dollars – de franchir un palier dans le jeu vidéo. Une telle acquisition pourrait lui permettre de se hisser au troisième rang mondial du secteur, derrière le chinois Tencent et le japonais Sony. Ce qui n’empêchera pas que les ventes de la console XBox de Microsoft resteront loin derrière celles de la PlayStation de Sony. Mais l’aboutissement du projet prolongerait un effort déjà amorcé depuis plusieurs années avec l’acquisition de Zenimax Media (l’éditeur, notamment, de Fallout, racheté pour 7,5 milliards de dollars en mars 2021) et bien plus tôt de Minecraft (2,5 milliards en 2014). En absorbant Activision Blizzard, l’entreprise californienne pourrait également mettre un pied dans les jeux sur mobile.
Microsoft a d’ores et déjà annoncé qu’il faisait appel de la décision de la CMA. « Nous restons pleinement engagés dans cette acquisition », a soutenu, mercredi, Brad Smith, le président de Microsoft. « Ce n’était pas la nouvelle que nous aurions voulue, mais c’est loin d’être le dernier mot », a déclaré pour sa part le directeur général d’Activison, Bobby Kotick, dans un message aux salariés. « Nous sommes confiants dans notre dossier car les faits sont de notre côté : cet accord est bon pour la concurrence », a-t-il ajouté.
Le « cloud gaming » en forte croissance
La CMA fonde essentiellement sa décision sur l’avantage qu’offrirait cette fusion à Microsoft sur le marché du cloud gaming (service de jeux en ligne disponible depuis n’importe quel terminal doté d’un écran), encore embryonnaire mais en forte croissance. L’autorité britannique note que les usagers de ce service ont triplé au Royaume-Uni entre le début de l’année 2021 et la fin de l’année 2022. Un rapport du cabinet d’étude Grand View Research estime, de son côté, que ce secteur connaîtra un taux de croissance annuel de ses revenus de 46 % entre 2022 et 2030.
Selon la CMA, Microsoft capte déjà 60 % à 70 % des usagers de cloud gaming et bénéficie d’autres atouts concurrentiels importants, à commencer par son infrastructure mondiale de cloud (Azure) dont ne disposent pas ses principaux concurrents.
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