Le projet IRIS2 de l’Union européenne doit voir le jour avec le déploiement de 290 satellites en orbite basse, offrant une connexion internet pour l’Europe et l’Afrique. Une connexion qui se veut résiliente, rapide et sécurisée, à moins que son coût trop élevé et les difficultés de l’industrie du spatial européen ne viennent détruire ses rêves.
C’est une vague de critiques qui a déferlé sur l’Agence spatiale européenne, depuis que celle-ci a annoncé la signature de deux contrats pour le lancement du projet IRIS2 (qui signifique Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite). La réponse de l’UE aux services internet par satellites de SpaceX, Starlink, doit être lancée en 2029 (avec deux ans de retard), et représentera un contrat total chiffré à 10,6 milliards d’euros sur 12 ans. L’UE le financera à hauteur de 6 milliards, quand l’ESA déboursera 550 millions. Les 4 milliards d’euros supplémentaires seront à la charge du secteur privé.
Par satellite envoyé, le coût sera de 35 millions d’euros. Un montant qui a choqué le secteur, et amusé les Américains, alors que, pour le même prix, Starlink est capable de déployer en orbite 200 satellites. Avec moins de deux satellites du projet européen IRIS2, Starlink pourrait largement déployer 290 satellites, autrement dit le nombre total de la constellation européenne. Tom Mueller, un ancien de SpaceX qui avait créé le moteur Merlin de la Falcon 9, réagissait sur X en indiquant qu’il pouvait construire 200 satellites en version 1 de Starlink pour la somme de 35 millions d’euros…
Certains rejetaient la critique, cela dit, en indiquant que l’Europe souhaiterait faire de ses satellites des appareils d’une durée de vie bien supérieure à celles de Starlink, et que le coût total prenait en compte la recherche et développement également. Dans un communiqué, l’Union européenne indiquait que la constellation IRIS2 représenterait l’équivalent de 1 000 satellites dans une méga-constellation, comme celle de Starlink. « C’est une étape importante vers la souveraineté de l’Europe et une connectivité sécurisée », ajoutait l’Europe.
Des lancements opérés par Ariane 6 ?
Dans le coût du déploiement des satellites, il y aura celui des lancements. Et sur ce point, une grande question : quelle fusée se chargera de déployer la constellation ? Évidemment, tous les regards sont tournés vers Ariane 6, mais faudrait-il encore obtenir une confirmation sur ce point, et un aperçu du calendrier. Ariane 6 doit aussi être appelée dans la poursuite du déploiement des satellites Galileo, le GPS européen. IRIS2 est d’ailleurs présenté comme le troisième pilier, en complément de Galileo et de Copernicus, le programme d’observation de la Terre.
L’ensemble du projet IRIS2 sera financé à travers un consortium baptisé SpaceRISE. Il sera dirigé par les opérateurs de satellites européens SES, Eutelsat et Hispasat. Plusieurs fabricants de satellites et d’autres entreprises rejoindront le projet, avec parmi elles Airbus Defence & Space, l’Allemand Deutsche Telekom, le Français Thales Alenia Space et l’Italien Telespazio. Pas de partenaire anglais au programme, alors que le journal The Guardian indiquait que les représentants de l’UE n’avaient pas « reçu de signe ou de manifestation d’intérêt de la part des partenaires du Royaume-Uni ».
Depuis le Brexit, les Anglais souhaitaient déjà garder leur souveraineté en développant leur propre GPS, en parallèle à Galileo, pour la géolocalisation. Face aux menaces sur le service américain, que l’on explique notamment par la guerre électronique avec la Russie, les projets d’alternatives au GPS se multiplient. Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et aux commandes du concurrent de SpaceX, Blue Origin, indiquait aussi son envie de s’attaquer à ce chantier.
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Source :
ESA