Le téléphone personnel de Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères français, victime d’un piratage

Le téléphone personnel de Jean-Noël Barrot, ministre des affaires étrangères français, victime d’un piratage


Le téléphone personnel du ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a été piraté par un acteur encore inconnu, révèle Mediapart jeudi 5 décembre. Le téléphone a été utilisé pour envoyer, à l’insu de son propriétaire, un message au ministre des affaires étrangères du Bahreïn, proposant un appel téléphonique. Ce message étrangement formulé et contournant les canaux diplomatiques habituels a alerté l’homologue de M. Barrot, qui a prévenu le ministère des affaires étrangères.

Toujours selon les informations de Mediapart, les services de l’Etat ont pu constater que M. Barrot avait cliqué, le 25 novembre, sur un lien piégé. De nombreuses inconnues entourent l’attaque subie par le patron du Quai d’Orsay. Les informations de Mediapart font état d’un lien malicieux, envoyé dans un message sur la messagerie Signal. On ignore, en revanche, vers quoi pointait ce ien piégé, et sa visée : le vol d’un mot de passe, par une fausse page de connexion, ou l’installation d’un logiciel espion sur le téléphone. Les premières analyses ont permis d’exclure l’utilisation des deux principaux mouchards commerciaux, Predator et Pegasus, capables dans certaines conditions de s’installer sur un smartphone par la simple ouverture d’un lien piégé.

Sans élément technique détaillé, il est pour le moment impossible de savoir si le message piégé reçu par M. Barrot était à visée crapuleuse ou avait un objectif d’espionnage, les applications, comme Signal, WhatsApp et Telegram, étant régulièrement utilisées par des réseaux d’escrocs pour mener de larges campagnes de vol de données bancaires ou d’identifiants.

Refus d’abandonner son téléphone

Au cours du mois écoulé, plusieurs parlementaires ont été victimes, selon le site Politico, d’une campagne malveillante s’appuyant sur l’envoi de messages sur Telegram et utilisant des liens vérolés. Des éléments techniques obtenus par Le Monde suggèrent qu’il s’agissait d’une campagne à visée crapuleuse dont les liens circulaient déjà depuis plusieurs semaines. Une enquête a été ouverte par la section spécialisée du parquet de Paris. Dans le cas du téléphone de M. Barrot, le fait que son téléphone ait été ensuite utilisé pour contacter un haut responsable diplomatique laisse supposer que la piste d’un piratage étatique est privilégiée.

Les analyses conduites par les services de sécurité de l’Etat ont cependant été limitées par le refus initial de M. Barrot de remettre son téléphone aux experts pour procéder à une copie complète de son contenu. Invasive, cette procédure est cependant la seule permettant de confirmer certains types de piratages – ce que M. Barrot, secrétaire d’Etat au numérique de 2022 à 2024, ne peut ignorer. L’entourage du ministre explique ce refus par un départ imminent pour une série de déplacements à l’étrangers, et assure que le ministre a pris un certain nombre de précautions pendant ces voyages.

En 2021, Le Monde et ses partenaires du consortium Forbidden Stories avaient révélé que de multiples ministres français, ainsi qu’Emmanuel Macron, avaient été ciblés par le logiciel Pegasus.

Le Monde

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