Les relations entre Apple et les développeurs de jeux ne sont pas au beau fixe. Le constructeur ne sait pas sur quel pied danser avec Apple Arcade, et ne fait manifestement aucun effort pour promouvoir le jeu pour le Vision Pro.
Chez les développeurs de jeux vidéo, du moins chez certains d’entre eux interrogés par le site MobileGamer.biz, la frustration est palpable envers Apple et ses méthodes concernant le service Apple Arcade. Pour 6,99 € par mois, l’utilisateur accède à plusieurs centaines de jeux sans pubs ni achats intégrés. Ces jeux sont développés par des studios tiers, qui reçoivent des avances et des royalties basés sur l’engagement des joueurs.
Délais de paiement et support technique pas au point
Un des gros problèmes relevés par un des développeurs, c’est que le constructeur prendrait tout son temps pour signer les chèques, jusqu’à six mois pour un indépendant, un délai qui aurait pu le précipiter vers la banqueroute. Quand les représentants d’Apple daignent répondre aux sollicitations des développeurs (ce qui peut demander trois semaines voire plus), les réponses sont pour le moins décevantes :
« Nous sommes censés pouvoir poser des questions sur les produits, les aspects techniques et commerciaux, mais souvent la moitié de l’équipe d’Apple ne se présente pas et, quand ils le font, ils n’ont aucune idée de ce qui se passe et ne peuvent pas répondre à nos questions, soit parce qu’ils n’ont aucune connaissance pour y répondre, soit parce qu’ils ne sont pas en mesure de partager cette information pour des raisons de confidentialité. » Un développeur Apple Arcade.
Autre souci : l’opacité des pratiques de l’App Store pour mettre en avant les jeux. Certains sont nettement favorisés, quand d’autres sont mis sous le tapis. « On a l’impression que le jeu est à la morgue depuis deux ans », se plaint un développeur qui apprécie d’avoir obtenu de l’argent d’Apple contre une exclusivité, mais qui voudrait maintenant que les utilisateurs jouent à son jeu.
Un exemple parmi d’autres des difficultés rencontrées avec Apple Arcade : les développeurs doivent transmettre à l’App Store 1 000 captures d’écran (!) de leur jeu afin de s’assurer que toutes les langues soient bien prises en compte. On apprend également que le processus de mise à jour des jeux est particulièrement compliqué, à tel point que les développeurs essaient de l’éviter, rapporte un éditeur.
Le Vision Pro « n’est pas une machine conçue pour le jeu »
Le jeu vidéo est malgré tout bien pratique pour vendre des appareils, comme par exemple l’Apple Vision Pro : la firme à la pomme ne manque jamais une occasion de vanter les jeux en réalité mixte de son casque. Mais voilà, Apple ne mettrait pas les moyens et les ressources pour pousser les développeurs à faire leur maximum pour cette nouvelle plateforme.
Le support technique est qualifié d’« affreux » par une source, « développer pour le Vision Pro, c’est comme remonter le temps de 10 ans, car malgré la puissance annoncée – et le coût – ce n’est pas une machine conçue pour le jeu. Faire fonctionner des jeux complexes sur cette plateforme est difficile », estime le même développeur.
Selon MobileGamer.biz, Apple aurait approché des développeurs pour leur demander de faire un jeu pour le Vision Pro… mais sans incitation financière, ni garantie que le jeu bénéficiera d’une mise en avant sur l’App Store. Une approche « totalement déroutante » qui contraste avec celle de Meta, qui accueille généreusement les bonnes volontés voulant développer des jeux pour ses casques Quest.
Bien sûr, tout n’est pas complètement désespéré. Des développeurs se réjouissent de l’existence d’Apple Arcade, qui leur permet de financer des projets de jeux, même avec des avances moins coquettes et les délais de paiement. Et l’orientation désormais très familiale du service n’est pas un problème : « Si [Apple] peut bâtir un business sur des jeux familiaux, tant mieux pour eux et pour les développeurs qui peuvent saisir cette opportunité », juge une source.
Mais cela n’exonère pas le constructeur des mauvaises pratiques dénoncées par des développeurs. « C’est comme une relation abusive où la personne maltraitée reste tout de même en espérant que l’autre partenaire changera et deviendra la personne que l’on sait qu’il pourrait être », selon un d’entre eux.
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Source :
MobileGamer.biz