Réunie en assemblée générale à Delhi en Inde, l’association du transport aérien international (Iata) a fait un point sur sa décarbonation promise en 2050. La principale association des compagnies aériennes a maintenu que l’objectif était à portée, mais qu’il s’avérait « en péril ». Il soulèvent deux problèmes.
Dimanche 1er juin, l’industrie aéronautique et en particulier les compagnies aériennes ont rendu leur verdict, concernant 2050 et l’objectif de la neutralité carbone. Selon l’Iata, l’association du transport aérien international, répondre au chantier de décarbonation dans les temps reste « totalement à notre portée », même s’il s’avère « en péril », selon Marie Owens Thomsen, la vice-présidente de l’Iata chargée du développement durable.
L’un des principaux facteurs limitants concernerait les politiques climatosceptiques, qui ne permettent pas aux acteurs d’être aidés par les gouvernements, pourtant indispensables pour répondre à l’objectif emblématique de 2050. « Cela va ralentir les progrès », déclarait Marie Owens Thomsen, citée par AFP.
Évidemment, le second mandat de Donald Trump à la Maison-Blanche est au centre des politiques climatosceptiques mentionnées par l’association. Avant lui, Joe Biden avait soutenu le développement des carburants d’aviation durable (SAP) via des crédits d’impôt. Il espérait, d’ici 2050, que les Etats-Unis réduisent d’au moins 30 % la consommation de ses avions. Des subventions fédérales gelées dès l’arrivée au pouvoir du 47e président des États-Unis.
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Au moment du gel des aides américaines, le directeur de l’association du transport aérien international Willie Walsh avait commenté la situation. Il avait clairement signalé que « les États-Unis sont la région du monde où la production de carburants d’aviation durable a progressé le plus vite, grâce aux mesures incitatives fédérales et régionales. Leur éventuelle suppression aurait donc un impact très fort sur la décarbonation du transport aérien. »
Produire du SAP et baisser son prix
Les compagnies aériennes ne seraient pas protégées, puisqu’elles aussi, « s’approvisionnent déjà largement aux États-Unis », ajoutait en Willie Walsh en janvier. Le prix du pétrole serait un problème par ailleurs, puisqu’il est « très bon marché », soulignait Marie Owens Thomsen. Une différence de prix qui n’aiderait en rien les compagnies à préférer remplir les réservoirs de leurs avions en SAP (son prix est de trois à quatre fois plus cher).
Avec un pétrole pas cher, aux alentours de 65 dollars le baril de Brent à l’heure actuelle, il est de se poser la question de la définition d’urgence à décarboner. Or, pour atteindre le zéro émission nette, il faudra au moins que les compagnies atteignent 65 % de SAF dans leur consommation, rapportait l’Iata, dans son nouveau bilan lors de son assemblée générale à Delhi en Inde.
Le SAP ne sera pas produit en un claquement de doigts, et encore moins disponible dans chaque aéroport et dans chaque moteur d’avion sans que cela ne passe par des investissements massifs. D’un point de vue finance de l’objectif de la neutralité carbone en 2050, Marie Owens Thomsen estimait à 4 700 milliards de dollars l’enveloppe qu’il sera nécessaire de collecter.
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La responsable du développement durable de l’association prenait l’exemple de l’investissement dans les producteurs de pétrole, subventionnés à hauteur de 1 000 milliards de dollars, pour expliquer que le financement du virage du transport aérien vers le SAP est « totalement à notre portée ». Elle ajoutait, en faisant référence à l’éolien et le solaire, que « l’argent dont on parle est très comparable à celui qui a été consacré à la création de filières d’autres énergies ».
Pour l’heure, la production de SAP progresse – double même – avec 2,5 milliards de litres de prévus contre la moitié l’année dernière. Il y a tout de même eu une révision sur les déclarations précédentes, qui estimaient à 2,7 milliards de litres la production totale de SAP en 2025. Quoi qu’il en soit, les niveaux restent encore très bas. À l’échelle de l’industrie, ils ne représentent que 0,7 % des volumes de carburants nécessaires à l’industrie.
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Source :
Ouest-France