Après la biotech lyonnaise Amolyt Pharma, qui a levé 130 millions d’euros en janvier, le spécialiste français des cryptomonnaies Ledger signe, jeudi 30 mars, le deuxième plus gros tour de table de ce début d’année, à hauteur de 100 millions d’euros. L’opération vient compléter une précédente, réalisée en juin 2021, pour un montant total de 456 millions d’euros, et une valorisation inchangée de 1,3 milliard d’euros.
La performance est notable, dans une période où les levées de fonds se font de plus en plus rares en raison de la montée des taux d’intérêt et de la défiance à l’égard des valeurs technologiques. Elle l’est encore plus au regard du profil de Ledger. Son activité – la production d’appareils offrant aux possesseurs de cryptomonnaies la possibilité de sécuriser les clés privées nécessaires aux transactions crypto – est estimée à risque par les investisseurs.
D’abord parce qu’elle relève du secteur industriel, généralement peu apprécié des fonds de capital-risque. Ledger a sa propre usine, à Vierzon (Cher), où elle emploie une centaine de personnes, et travaille en parallèle avec des géants mondiaux, tels que le taïwanais Foxconn, pour ses appareils les plus sophistiqués. Ensuite parce que le secteur des cryptoactifs inspire encore beaucoup de méfiance. La récente faillite de la plate-forme FTX n’a pas amélioré son image, tandis que la valeur du bitcoin a reculé de 35 % en un an.
Populariser les cryptos
Dans le même temps, les faillites d’établissements financiers traditionnels, comme celle dont a été sauvé in extremis, à la mi-mars, Crédit Suisse – « tombé en un week-end », comme le souligne Pascal Gauthier, PDG de Ledger –, renforcent les convictions de la société, qui se présente comme une alternative sûre aux systèmes centralisés des banques. En s’appuyant sur un système décentralisé, la blockchain, il estime fournir de meilleures garanties.
Depuis sa création en 2014, la société a vendu plus de 6 millions de ses terminaux permettant de sécuriser ses cryptoactifs. L’entreprise revendique de sécuriser plus de 20 % des cryptomonnaies et 30 % des NFT (certificats d’authenticité numériques) en circulation dans le monde. Et prétend surtout en populariser l’usage, auprès des particuliers comme des entreprises.
« Notre mission est de rendre ces nouveaux produits sécurisés et faciles d’utilisation », explique M. Gauthier. Pour son dernier produit, (également le plus cher, à 279 euros), un portefeuille numérique baptisé Ledger Stax et doté d’un écran tactile, la société a fait appel à Tony Fadell, l’un des concepteurs de l’iPod, avec l’objectif de rendre ces technologies accessibles au plus grand nombre.
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