La maison mère de TikTok se trouve au cœur d’une nouvelle polémique. L’entreprise chinoise de nouvelles technologies ByteDance a admis, vendredi 23 décembre, que certains de ses employés avaient eu, à tort, accès à des données de la plate-forme TikTok pour traquer des journalistes afin d’identifier les sources à l’origine de fuites d’informations aux médias.
Ces employés ont plus particulièrement eu accès aux données de deux journalistes ayant écrit sur l’entreprise. Ils espéraient identifier des liens entre le personnel de ByteDance et un journaliste du Financial Times ainsi qu’un ancien journaliste de BuzzFeed, selon un courriel du conseiller général de ByteDance, Erich Andersen, vu par l’Agence France-Presse.
Les deux journalistes ont couvert des affaires liées à cette entreprise par le biais d’informations obtenues de manière confidentielle. Les employés identifiés par ByteDance comme ayant été en contact avec ces journalistes ne travaillent plus pour l’entreprise, a fait savoir M. Andersen, sans donner plus de détails sur le nombre total de salariés dans ce cas.
Les adresses IP des journalistes ont été obtenues, afin de déterminer s’ils se trouvaient au même endroit que les personnes de ByteDance soupçonnées d’avoir divulgué des informations confidentielles, a montré un rapport interne transmis par M. Andersen.
Des pratiques révélées plus tôt
Au mois d’octobre, des journalistes du média américain Forbes révélaient déjà ces pratiques d’espionnage ciblé chez ByteDance. « En octobre, j’ai découvert (…) que ByteDance projetait de tracer ma position physique, tout comme celle de mes collègues », écrit Emily Baker-White, journaliste chez Forbes, passée par Buzzfeed, dans un tweet jeudi. « On ne pouvait pas tout révéler, afin de protéger nos sources », poursuit-elle. Deux mois plus tard, elle persiste et signe avec une enquête mettant au jour le traçage de certains journalistes du magazine américain ayant écrit sur l’entreprise chinoise.
In October, I learned about Project Raven, and that ByteDance had planned to track my physical location, along with… https://t.co/c0c9BWiFpv
Ce scandale intervient alors que la classe politique américaine s’accorde autour d’un boycott de TikTok. Les élus du Congrès souhaitent interdire la plate-forme sur les appareils des fonctionnaires pour cause de menace à la sécurité nationale. Après le Sénat, la Chambre des représentants pourrait, elle aussi, adopter un texte prohibant le téléchargement et l’utilisation de l’application sur les équipements professionnels des employés de l’Etat fédéral américain. Près de vingt Etats ont déjà franchi le pas et pris des mesures similaires pour leurs propres employés.
Une image écornée
TikTok a pris plusieurs mesures pour tenter de convaincre les autorités américaines que les données des utilisateurs américains de la plate-forme étaient protégées, notamment en les stockant sur des serveurs situés aux Etats-Unis. Mais il a admis que des employés établis en Chine avaient accès à ces données, même si cela se faisait, selon lui, dans un cadre strict et limité.
Ces informations mettent à mal l’image que le réseau social s’efforce de faire valoir auprès des clients et des gouvernements : celle d’une plate-forme soucieuse de la protection des données de ses utilisateurs et respectueuse de la sécurité nationale.
Car les critiques de TikTok s’inquiètent du fait que ces données soient accessibles à la maison mère de la plate-forme, le groupe chinois ByteDance, théoriquement soumis au contrôle du Parti communiste chinois.