Les audiences du procès pour cyberharcèlement s’achèvent ce mardi : pendant deux jours, les avocats de Brigitte Macron ont tenté de démontrer que le délit de harcèlement en ligne était bien constitué. À l’inverse, les avocats des dix prévenus, accusés d’avoir diffusé ou relayé une rumeur transphobe visant la Première dame, invoquent la liberté d’expression ou le droit à la satire. Voici ce qu’il faut en retenir.
Ce mardi 28 octobre avait lieu la deuxième journée d’audience du procès initié par Brigitte Macron, et mettant en cause dix personnes accusées de cyberharcèlement. Tous sont soupçonnés d’avoir diffusé ou relayé, sur les réseaux sociaux, des « propos malveillants » à l’égard de Brigitte Macron, épouse du président de la République. Depuis 2017, une fausse information, selon laquelle la Première dame de France serait une femme transgenre, a circulé sur les plateformes. Des contenus « portant sur le genre, la sexualité de Brigitte Macron ainsi que la différence d’âge [24 ans] avec son conjoint selon un angle l’assimilant à la pédophilie » sont aussi en cause, selon le parquet de Paris.
L’infox a ensuite traversé l’Atlantique début janvier, relayée par une influenceuse, Candace Owens. À l’origine, une rumeur infondée de 2017, année de la première élection d’Emmanuel Macron, selon laquelle Brigitte Macron serait née homme, sous l’identité de son frère. Une plainte pour cyberharcèlement avait finalement été déposée le 27 août 2024 par la Première dame. Une enquête avait été ouverte, menée par la brigade de répression de la délinquance contre la personne. La procédure a abouti à l’arrestation d’une dizaine de personnes, jugées cette semaine. Pendant l’audience de ces deux derniers jours, la défense et l’accusation ont tenté de démêler liberté d’expression, diffamation et harcèlement en ligne.
Des moqueries et insultes répétées, et une dégradation des conditions de vie de la victime
D’un côté, l’accusation a cherché à prouver que tous les éléments constitutifs du cyberharcèlement étaient bien là : selon la définition juridique, des messages d’insultes, des moqueries, des menaces visant une personne doivent avoir été publiés de manière répétée sur les réseaux sociaux. Ces derniers doivent avoir entraîné « une dégradation des conditions de vie de la victime, ou une atteinte à sa dignité ou qui ont créé une situation intimidante, hostile ou offensante à son encontre ».
Et pour apporter la preuve de la « dégradation des conditions de vie de la victime », Tiphaine Auzière, la fille de Brigitte Macron, était à la barre, ce mardi. Elle n’a pas manqué d’expliquer l’impact de « de toutes les horreurs qu’on entend sur elle » sur la santé et les conditions de vie de sa mère. « Ce qui est extrêmement difficile c’est les répercussions pour sa famille… Ce tourbillon qui ne s’arrête jamais a un impact croissant sur (ses) conditions de vie », a-t-elle insisté, dans des propos rapportés par Ouest France.
Le droit à la « satire » et à la liberté d’expression invoqué
De l’autre, les prévenus, qui étaient auditionnés lundi soir et mardi matin, n’ont pas manqué d’avancer un droit à la « satire », l’« esprit Charlie », des « ragots », des « plaisanteries de mauvais goût » et même la liberté d’expression. « On est sur une communauté, et chacun émet ses opinions. […] Cela ne s’adresse pas directement à la personne qui est citée », a déclaré l’un d’entre eux mardi, cité par le journaliste Victor Mottin auteur d’un compte rendu exhaustif du procès, sur son compte X.
D’autres ont estimé que « le genre de l’épouse du président » relevait d’un débat d’intérêt public. Dans leurs plaidoiries qui étaient encore en cours à l’heure de la publication de cet article, les avocats des prévenus ont avancé tour à tour un « humour maladroit », un « procès de liberté d’expression » qui est aussi faite « pour déranger », notamment « ceux qui nous dirigent ».
Parmi les prévenus, l’ancien publicitaire Aurélien Poirson-Atlan, alias « Zoé Sagan » ou encore Delphine J., dite « Amandine Roy », qui se présente comme une médium sur X. Elle est à l’origine de la publication, en 2021, d’une vidéo de quatre heures affirmant que le frère de la Première dame, Jean-Michel Trogneux, aurait pris la place de sa sœur après un changement de sexe.
Ce jour en fin de journée, les avocats de Brigitte Macron ont demandé « une condamnation solidaire des prévenus, à hauteur de 15 000 euros ». Le procureur de la République requiert, lui, des peines allant de douze à six mois d’emprisonnement avec sursis ainsi que, pour certains, des comptes suspendus pendant six mois, et des amendes allant jusqu’à 8 000 euros. Les dix prévenus risquent deux ans d’emprisonnement, et le paiement de dommages et intérêts.
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