Les abonnés inattentifs qui « oublient » leurs souscriptions rapportent gros

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« L’inattention augmente les revenus des vendeurs d’un taux allant de 14 % à plus de 200 % » : voilà la conclusion de trois chercheurs qui ont étudié de près les comptes bancaires de centaines d’abonnés aux États-Unis dont beaucoup oublient leurs souscriptions… tout en les payant chaque mois.

Faites-vous partie de ces gens qui s’abonnent à des services (de streaming, de presse, de sport) puis laissent passer plusieurs mois avant de se désabonner, sans pour autant utiliser ces derniers ? Si la réponse est positive, vous êtes loin d’être une exception. Des chercheurs de l’université de Stanford et de l’université Texas A&M aux États-Unis ont étudié ce phénomène. Et selon Liran Einav et Neale Mahoney et Benjamin Klopack, ces oublis malencontreux rapportent gros aux entreprises qui proposent ce type d’abonnement. Leur recherche, pas encore évaluée par des pairs, et repérée par nos confrères des Échos, le mardi 22 août, vient d’être publiée sur le site du National Bureau of Economic Research.

Les scientifiques ont estimé que « l’inattention augmente les revenus des vendeurs d’un taux allant de 14 % à plus de 200 % ». Pour arriver à cette conclusion, ils ont analysé sur une période de quatre ans (d’août 2017 à décembre 2021) les relevés de paiements de cartes bancaires de plus de 630 000 comptes. Ils ont ensuite ciblé une dizaine de prestataires opérant dans des secteurs allant du divertissement à la presse ou à la vente au détail, proposant ou pas des services numériques.

Demander plus régulièrement le renouvellement de l’abonnement, une solution ?

Ils ont notamment observé qu’à chaque renouvellement de carte bancaire (ce qui arrive en cas d’expiration, de perte ou de vol), les consommateurs doivent réaliser une démarche s’ils veulent conserver leur abonnement. Ils sont notamment obligés de fournir leurs nouvelles données de paiement. Lors de cette mise à jour, ils seraient beaucoup plus nombreux à annuler leurs abonnements qu’en temps normal – c’est-à-dire les mois où la souscription est renouvelée automatiquement.

« Cette inattention ou ce renouvellement passif », selon les points de vue, « entraînent une augmentation substantielle des revenus des services d’abonnement. (Ces derniers) pourraient être jusqu’à trois fois supérieurs aux revenus qu’ils recevraient si les abonnés étaient pleinement attentifs et prenaient une décision active de renouvellement chaque mois », écrivent les chercheurs.

Pour y remédier, il suffirait d’obliger ces sociétés comme Netflix, Spotify ou Amazon à demander régulièrement aux consommateurs de confirmer ou de refuser leur abonnement – il s’agit là d’une préconisation de la Commission fédérale du commerce (FTC), l’autorité en charge de la protection des consommateurs aux États-Unis. Ces entreprises pourraient également se baser sur l’activité ou de l’inactivité d’un compte, et demander aux clients inactifs s’ils souhaitent toujours être abonnés. 

La question des abonnements aussi dans le collimateur de la justice

La question des abonnements et de leurs parts de plus en plus importante dans le budget des consommateurs n’est pas nouvelle. Elle est régulièrement étudiée, rappellent les chercheurs. Elle est aussi dans le collimateur de la justice. En juin dernier, nous vous expliquions que l’autorité en charge de la concurrence américaine attaquait Amazon. La FTC accuse le géant de l’e-commerce d’avoir poussé, presque à leur insu, « des millions de clients » à renouveler leur abonnement à son service Prime.

À lire aussi : Comment Amazon a piégé des millions de consommateurs pour les pousser à s’abonner à Prime

Même son de cloche en Europe : un an plus tôt, c’était la Commission européenne qui demandait à Amazon de simplifier sa procédure de résiliation de Prime. Car même s’il s’agit de petites sommes, la multiplication des abonnements dans des domaines plus ou moins insolites (nourriture, loisirs, vêtements, voiture, …) peut parfois finir par gréver un budget mensuel. 

Nous serions d’ailleurs nombreux à oublier les abonnements souscrits. Une étude de l’Observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir datant de février 2020 montrait par exemple qu’il existe un décalage entre le nombre d’abonnements que l’on croit avoir souscrit, et la réalité. Les ménages interrogés pensaient avoir 3,5 abonnements en moyenne (correspondant à 98 euros mensuels), contre 6 en réalité, pour un montant de 159 euros par mois. Ces chiffres datent de 2020, ils devraient être plus importants aujourd’hui au vu de l’inflation et de l’augmentation du prix des abonnements.

Source :

Selling Subscriptions, de Liran Einav, Benjamin Klopack & Neale Mahoney, papier de recherche 31547 publié dans le NBER (National Bureau of Economic Research)



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