Les adresses Telegram bloquées en France par erreur

Les adresses Telegram bloquées en France par erreur


C’est un sacré couac : alors que le gouvernement a présenté cette semaine un projet de loi prévoyant la possibilité de bloquer massivement des sites, les adresses « t.me » (qui appartiennent à la messagerie Telegram), ont été inaccessibles pendant plusieurs heures, samedi 13 mai au matin, depuis la plupart des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) français en raison d’une erreur de la police.

En milieu de journée, la situation semblait revenir à la normale. Le fonctionnement général de l’application, lui, n’a pas été affecté et il restait possible d’envoyer et de recevoir des messages normalement.

Les URL en « t.me » sont utilisées pour renvoyer vers un compte, une chaîne ou un contenu spécifique à l’intérieur d’une chaîne au sein de Telegram, réseau social utilisé par 700 millions de personnes dans le monde. Les saisir dans un navigateur Web sur ordinateur ou smartphone permet d’ouvrir le contenu Telegram concerné.

Selon les informations du Monde, c’est la police qui a transmis aux FAI français une demande de blocage. Cette dernière, via sa cellule Pharos, peut en effet demander aux FAI de bloquer certains sites, notamment pédopornographiques, et de rediriger les internautes voulant s’y connecter vers une page d’information du ministère de l’intérieur.

Bourde

Sauf que le blocage demandé ici s’est appliqué à l’intégralité des adresses « t.me » et concernait donc l’ensemble des liens vers le réseau social Telegram, y compris tous ceux qui n’ont rien à voir avec des contenus pédopornographiques. Certains utilisateurs voulant utiliser une URL « t.me » samedi matin étaient ainsi dirigés vers la page du ministère censée s’afficher en cas de tentative d’accès à un contenu pédocriminel bloqué. D’autres voyaient leur requête ne jamais aboutir.

Capture d’écran du message s’affichant depuis samedi en France pour les internautes souhaitant se connecter à une URL correspondant à Telegram.

Sollicitée, la police nationale n’était pas en mesure d’expliquer les raisons d’un blocage aussi large mais, selon deux FAI joints par Le Monde, il s’agit bien d’une erreur de la part des forces de l’ordre.

Une bourde qui fait tache, alors que le projet de loi pour sécuriser l’espace numérique, présenté cette semaine par le secrétaire d’Etat au numérique, Jean-Noël Barrot, contient justement plusieurs dispositions visant à étendre ce mécanisme.

Le gouvernement espère ainsi qu’il puisse s’appliquer aux sites pornographiques ne vérifiant pas suffisamment l’âge de leurs visiteurs, aux sites permettant de réaliser des arnaques et à ceux diffusant des médias soumis à des mesures d’interdiction d’émettre.

La police dispose depuis 2014 du pouvoir de bloquer des sites Web pour des faits de pédopornographie et d’apologie du terrorisme. Elle doit d’abord faire parvenir une demande de suppression du contenu à l’éditeur du site. S’il ne donne pas suite, la police peut alors ordonner le blocage aux FAI. En 2021, dernière année pour laquelle un rapport est disponible, la police avait demandé le blocage de 420 sites à caractère pédopornographique.



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