Après NSO et son logiciel Pegasus, c’est au tour d’autres grands noms de l’industrie de la surveillance d’être sanctionnés par les autorités américaines. Le département du commerce a annoncé, mardi 18 juillet, le placement sur liste noire d’Intellexa et Cytrox, des acteurs majeurs du marché des logiciels espions. Ces entités sont accusées de « menacer la vie privée et la sécurité d’individus et d’organisations dans le monde entier ».
Concrètement, Intellexa et Cytrox seront placées sur l’« Entity List » du bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS). Cette liste imposera aux entreprises américaines souhaitant vendre ou acheter des produits et services à ces sociétés de faire une demande de licence, qui sera très vraisemblablement refusée. Symboliquement, ce placement sur « liste noire » par le département du commerce est surtout un signal fort envoyé au reste du monde et servant à décourager toute transaction avec les sociétés visées. « Cette liste reste un outil puissant de notre arsenal nous permettant d’empêcher de mauvais acteurs partout dans le monde d’utiliser des technologies américaines pour atteindre leurs objectifs nuisibles », a estimé le secrétaire adjoint au commerce, Don Grave, cité dans le communiqué.
Cytrox, entreprise fondée en Macédoine du Nord, a fait parler d’elle lorsqu’elle a été dénoncée par Meta et le laboratoire canadien Citizen Lab pour ses activités d’espionnage. Cytrox est connue pour commercialiser à d’autres Etats (en théorie, à leurs services de police et de renseignement) le logiciel espion Predator. Cet outil est aujourd’hui au cœur d’un vaste scandale politique en Grèce considéré comme un « Watergate grec », au cours duquel le chef de l’opposition mais aussi des journalistes ont été espionnés. Intellexa, l’autre société sanctionnée aujourd’hui par les autorités américaines, sise en Grèce et en Irlande, est soupçonnée d’avoir commercialisé Predator en Grèce.
En novembre 2021, c’est NSO, célèbre société israélienne connue pour le logiciel espion Pegasus, qui avait été placée sur l’Entity List du BIS, marquant une prise de position forte des autorités américaines contre une société accusée de vendre des outils de surveillance à de nombreux régimes autoritaires. Le marché privé des logiciels espions, dont les acteurs assurent ne commercer qu’avec des Etats dans un objectif de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, est dénoncé depuis près de dix ans par les organisations de défense des droits de l’homme. Ces logiciels espions commerciaux sont très souvent utilisés pour surveiller opposants politiques, journalistes et activistes.