Votre géolocalisation quasiment en temps réel, votre niveau de richesse, voire votre orientation sexuelle et même la marque de vos sous-vêtements : un rapport très complet de l’Irish Council for Civil Liberties (ICCL) détaille à quel point les publicités ciblées peuvent être utilisées pour traquer les moindres faits et gestes des internautes. L’ONG s’est concentrée sur les risques que font peser, sur la vie privée, les publicités dites « programmatiques » (en anglais, real-time bidding, RTB). Ce système très courant permet aux annonceurs d’enchérir, en temps réel, sur les espaces publicitaires disponibles sur les sites Internet ou les applications, pour afficher leurs réclames à des catégories plus ou moins précises d’internautes – « hommes de plus de 50 ans », « femmes vivant dans une grande ville », « internautes intéressés par les voitures »…
Mais une série de documents commerciaux consultés par l’ICCL, disponibles publiquement jusqu’à récemment, montrent que les régies publicitaires qui proposent ces services offrent des catégories de ciblage bien plus précises et intrusives. L’organisation a par exemple repéré plusieurs catégories permettant de viser des personnes présumées homosexuelles ou ménopausées. Dans d’autres cas, la finesse des catégories confine à l’absurde : un identifiant technique permet ainsi de diffuser des publicités à destination de « retraités de plus de 75 ans, qui vivent en habitat collectif dans une ville française de taille moyenne et qui touchent des minima sociaux, possèdent une voiture française et aiment la pêche et la télévision ».
Facilitateur de piratages et de traçage
La qualité des données utilisées par l’industrie de la publicité programmatique fait débat, différentes entreprises établissant des profils d’internautes avec des critères plus ou moins pertinents ou efficaces, et il n’est pas rare que des publicités se trompent de cible. Mais les outils qu’elles proposent permettent toutefois de viser des internautes avec un bon degré de précision. Le système de publicités RTB permet par ailleurs de collecter facilement des informations, quasiment en temps réel : il est ainsi possible d’afficher à un ensemble de personnes très limité des publicités contenant un traceur de géolocalisation.
Ces fonctions posent un problème de sécurité majeur. L’ICCL a ainsi pu trouver des données de ciblage permettant d’afficher des publicités uniquement pour des personnes en France « travaillant pour l’armée ou les services de sécurité et ayant une ancienneté importante ». Ce type de ciblage peut aisément être utilisé pour afficher des publicités piégées conduisant, par exemple, l’internaute vers un site contenant un logiciel espion.
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