Le dernier-né des drones Amazon, appelé le MK30, s’inspire des VTOL. S’il réussit sa phase de développement cette année, il élargira alors sa couverture américaine et s’installera en Europe. Mais du chemin reste encore à parcourir.
Sur les douze derniers mois, en Italie et au Royaume-Uni, 90 % et 85 % de la population adulte ont respectivement passé commande sur Amazon. Elles sont les contrées européennes les plus adeptes des services du spécialiste de la livraison rapide et l’Italie surpasse d’ailleurs les États-Unis, où la part est de 87 %. Des données qui a attiré l’équipe de livraison par drones d’Amazon, qui cherchait une porte d’entrée sur l’Europe.
En conférence à Seattle, mercredi 18 octobre, le responsable de Prime Air David Carbon a annoncé l’arrivée en Italie et au Royaume-Uni de ses livraisons par drone en moins d’une heure. L’aéronef baptisé MK30, remplace ainsi l’ancien MK27-2 qui n’avait pas emballé les régulateurs aériens américains après deux échecs de vol lors de son inauguration fin 2022. Avant de pouvoir prétendre à un vrai lancement, le MK30 s’ouvre à une phase de six mois de test grandeur nature. Objectif des autorités : zéro incident.
Cette période de test au Texas doit déboucher sur une ouverture des livraisons dans trois états américains, puis de l’élargissement en Europe à la fin de l’année 2024. D’ici la fin de la décennie, Amazon souhaite que les livraisons par drone représentent 500 millions de commande. La société accuse toutefois du retard alors qu’elle souhaitait disposer de 10 000 drones avant la fin de l’année. Pourtant, au mois de mai, seulement 100 commandes avaient été comptabilisées.
« Nos drones survolent le trafic, éliminant ainsi le temps supplémentaire que le colis d’un client pourrait passer en transit sur la route », a commenté Calsee Hendrickson, le responsable de la gestion des produits et des programmes chez Prime Air. Il reste toutefois une question cruciale pour pouvoir survoler le trafic au regard des autorités : la FAA interdisait encore à Amazon de survoler les routes et les immeubles par faute de poids dans sa licence de vol accordée en novembre 2020. Le MK30 d’Amazon pèse 36 kilos. Pour pouvoir voler, Alphabel Wing et Walmart avec Zipline et Flytrex limitent leurs drones entre 4,5 et 18 kilos.
Pourtant, le MK30 s’améliore. Il est plus compact et plus fiable, selon David Carbon, et pourra prétendre à livrer des appartements, en visant des zones dégagées au niveau du rez-de-chaussée. Un système de livraison sur un balcon ou par une fenêtre n’est pas prévu cela dit. Pour livrer un colis, que ce soit dans un jardin où sur le parvis, l’aéronef n’aura pas besoin de toucher le sol. Il lui suffit d’ouvrir sa trappe offrant le compartiment du colis, pour le faire tomber.
Il pourra fonctionner avec de faibles pluies, et son altitude de circulation varie entre 40 et 120 mètres d’altitude. Ses caméras sont entraînées pour reconnaître les objets qui pourraient s’avérer être des obstacles sur sa trajectoire, notamment à l’approche du sol.
Pour pouvoir s’élargir aux clients urbains, le format du drone a été revu pour s’inspirer de celui des VTOL, ces avions à décollage et atterrissage verticaux développés par de nombreuses sociétés en guise de nouveau moyen de déplacement urbain. Lorsque le drone MK30 d’Amazon décolle, sa nacelle se retrouve alors parallèle aux hélices. Puis, en déplacement horizontal, la nacelle s’incline pour une position perpendiculaire.
En termes de commandes, Amazon met en avant son nouveau service baptisé Pharmacy aux États-Unis, pour pouvoir commander et se faire livrer des médicaments en un clic. Ce dernier a ouvert à la fin 2020 et complète la nouvelle branche santé d’Amazon, avec la plateforme Clinic, pour des téléconsultations. Mais le nouveau drone pourra aussi être appelé pour des colis d’autre nature, dans la limite de 2,2 kilos. Le rayon d’action serait deux fois plus important que l’ancien MK27-2, équivalent à 12 kilomètres.
Motiver l’abonnement à Prime
Amazon a besoin de proposer des avantages additionnels pour pousser ses clients à se tourner vers Prime. À l’heure où le gendarme américain attaque le géant du e-commerce pour des comportements jugés anticoncurrentiels, elle n’hésite plus à débourser des milliards de dollars pour soutenir d’autres activités au commerce en ligne, qui justifieront ses clients à souscrire à Amazon Prime. On le voit avec les studios de cinéma, dont Amazon investit 7 milliards par an, et aujourd’hui avec les livraisons Prime Air et Pharmacy.
Ces nouvelles activités viseront aussi à soutenir l’urgence du bilan carbone d’Amazon, à l’empreinte écologique spectaculaire. En parallèle au remplacement de la flotte de ses vieux fourgons diesel en des vans Rivian électriques, les drones pourraient réduire une note qui, entre 2020 et 2021, a augmenté de 18 % à plus de 71 millions de tonnes de CO2 – sans compter l’impact de la production des produits vendus sur son marketplace. Avec des drones, plus besoin non plus de rendre totalement anonyme un emballage, à l’heure où Amazon poursuit son travail dans le remplacement du plastique et le passage vers des commandes sans emballage.