La Chine mène sa conquête spatiale à un rythme rapide et a enchaîné les missions vers la Lune, lui permettant d’acquérir un savoir-faire technique précieux pour s’ouvrir les perspectives de l’espace proche et lointain.
La mission automatique Chang’e 5 avait pour objet d’alunir sur notre satellite naturel, de collecter des échantillons du sol lunaire et de les ramener sur Terre. Tout s’est déroulé comme prévu et le précieux contenu a atterri en décembre 2020, permettant à la Chine de disposer d’une matière première d’étude après les Etats-Unis et l’Union Soviétique.
Deux ans plus tard, les analyses ont été réalisées et ont réservé plusieurs surprises. Un nouveau minéral a été découvert dans la poussière lunaire ramenée par la sonde.
Un nouveau minéral dans la poussière lunaire
Identifié par l’Institut de de recherche en géologie et sur l’uranium de Beijing, il a été dénommé Changesite-(Y) et se présente sous forme de cristal transparent et incolore.
Phospate appartenant à la famille de la merrillite (phosphate de calcium riche en sodium), il a été difficilement repéré dans un premier échantillon de 50 mg en 2021 puis confirmé dans un second lot de matière lunaire.
A new mineral, Changesite-(Y), was discovered from the moon samples retrieved by #China‘s Chang’e-5 probe, making China the third country to discover a new mineral on moon, Chinese authority said on Friday. pic.twitter.com/XjatWOtraY
— Global Times (@globaltimesnews) September 9, 2022
Après analyse de sa structure et soumission aux autorités de classification internationale, sa nature inédite a été confirmée, faisant de la Chine le troisième pays à découvrir un nouveau minéral lunaire.
C’est un coup d’éclat pour une mission qui, au-delà de ses aspects techniques, n’apportait forcément beaucoup de nouveauté en matière scientifique, mais ce n’était pas le seul objectif.
Hélium-3, la quête cachée
Et les analyses ne se sont pas arrêtées là. La Chine a étudié la concentration en Hélium-3 dans les échantillons. Combustible potentiel pour la fusion nucléaire, il pourrait être collecté et ouvrir la voie à une exploitation du sol lunaire.
Cet Hélium-3 pourrait d’ailleurs vite devenir un enjeu stratégique entre les nations capables d’y accéder et donner un coup d’avance en matière d’énergie et de conquête spatiale à celle qui en contrôlera l’accès.
Ce serait d’ailleurs peut-être bien la raison première de la mission Chang’e 5, dont les échantillons permettent également d’étudier la composition du sol lunaire et sa formation, ce qui donne des pistes pour éviter une extraction de matériaux.
La Chine, via son agence spatiale CNSA, va poursuivre à une cadence soutenue son programme lunaire avec déjà trois missions Chang’e 6, 7 et 8 en préparation, avec toujours l’exploration de zones lunaires et les premières étapes pour établir une base lunaire internationale.
En parallèle, la Chine étoffe son programme spatial et travaille activement sur une même opération de collecte d’échantillons sur la planète Mars ramenés ensuite sur Terre. Et cette fois, plutôt que de réaliser l’opération 50 ans après les Etats-Unis, l’objectif est d’être la première nation au monde à réussir cet exploit, profitant des retards des programmes de la NASA qui a pourtant déjà commencé à collecter les échantillons via son rover Perseverance.