La filière française du reconditionnement d’équipements informatiques a encore des efforts à faire pour se structurer.
Mais l’engouement est sensible. Une étude de la Banque des territoires, filiale de la Caisse des dépôts, donne un premier aperçu de ce secteur en France. Une tâche pour l’instant encore difficile.
Les auteurs rappellent ainsi que la filière n’est pas identifiée comme telle par les outils de statistiques nationales, ce qui complique le recensement des acteurs.
Des associations nombreuses, mais moins efficaces que le secteur privé
La Banque des territoires estime le nombre de structures du secteur à 340 sur tout le territoire français. Au total, 397 ateliers sont dédiés au reconditionnement des équipements. Signe de la jeunesse du secteur, une structure sur deux existe depuis moins de cinq ans. Et parmi ces structures, un peu plus de la moitié sont des associations.
Mais si le tissu associatif est très présent, il reste minoritaire dès lors que l’on considère le nombre d’appareils reconditionnés chaque année. 97% des appareils reconditionnés chaque année le sont par des entreprises. Cette disparité s’explique par des philosophies bien différentes. Là où les entreprises cherchent avant tout à revendre les équipements, les associations visent des objectifs bien différents. Par exemple à maximiser le réemploi d’appareils même en l’absence de rentabilité. Ou bien à favoriser l’insertion professionnelle de leurs employés.
L’étude s’est également penchée sur le volume total d’appareils reconditionnés par la filière en une année. Celui-ci s’établit à 2,7 millions d’ordinateurs et 1,6 millions de téléphones. Cela représente à peine 10% des achats d’appareils informatiques selon les auteurs de l’étude. Si le marché du reconditionné se porte plutôt bien, les auteurs estiment que des progrès restent à faire en matière redistribution à titre solidaire. Environ 250 000 ordinateurs et portables sont redistribués chaque année en France, loin de l’objectif de 2 millions fixé par le plan France Numérique Ensemble pour 2027.
Une meilleure organisation à développer au niveau local
Pour soutenir le développement de cette filière, la Banque des territoires a identifié plusieurs leviers. Tout d’abord le besoin d’identifier des « gisements » d’équipements. Le terme désigne les sources d’appareils de seconde main destinés à être reconditionnés, qu’ils proviennent de dons de particuliers, d’entreprises ou d’organisations publiques.
La problématique se fait notamment sentir pour les reconditionneurs solidaires. « Les équipements de meilleure qualité sont rachetés par les reconditionneurs marchands : par conséquent, les associations collectent du matériel de moins bonne qualité donc plus difficile à reconditionner » résume le rapport. Et de faire la proposition de mise en place de « diagnostic territoriaux » pour mieux identifier les sources d’appareils à reconditionner.
Les auteurs plaident également pour une professionnalisation de la filière, que ce soit à travers la formation des employés et bénévoles, ou en favorisant l’identification des sources de financement pour ce type d’activités.