Les États-Unis suspectent la Chine de pratiques anticoncurrentielles dans le domaine des semi-conducteurs

Smic Shunsuke Tabeta(1)


Une allégation étonnante émanant d’un pays qui n’a de cesse de mettre des bâtons dans les roues des entreprises chinoises.

La même rengaine

Depuis plusieurs mois, Chine et États-Unis se livrent une « guerre des semi-conducteurs ». Ces derniers avaient lancé une troisième salve de restrictions contre l’empire du Milieu en début de mois ; Pékin avait rapidement riposté avec notamment un appel à ne plus se fournir auprès d’entreprises américaines. Nouvel épisode en vue, avec le lancement d’une enquête par l’USTR (United States Trade Representative ; bureau du représentant américain au commerce). Sa finalité : rechercher des pratiques commerciales anticoncurrentielles de la part de l’industrie chinoise des semi-conducteurs.

Le document publié il y a quelques heures par la Maison Blanche stipule que « la République populaire de Chine (RPC) se livre régulièrement à des politiques et à des pratiques non commerciales, ainsi qu’à un ciblage industriel de l’industrie des semi-conducteurs qui permet aux entreprises de la RPC de nuire considérablement à la concurrence et de créer des dépendances dangereuses dans la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs fondamentaux ». Or, les auteurs rappellent que « la sécurité nationale et économique des États-Unis passe par un approvisionnement résilient et sûr en semi-conducteurs de base », et ajoutent que « ces semi-conducteurs sont essentiels à des secteurs clés de l’économie américaine, alimentant les voitures, les appareils médicaux, les infrastructures critiques, les systèmes clés de l’aérospatiale et de la défense, ainsi que les biens et services dont nous dépendons tous les jours ».

Cette enquête est diligentée au titre de la section 301 de la loi américaine sur le commerce de 1974. Par ailleurs, par semi-conducteurs « fondamentaux » (terme qui peut également être traduit par « de base » ou par « matures »), entendez des puces pas vraiment à la pointe de technologie. L’acception générale est que cet adjectif qualifie des semi-conducteurs produits à des nœuds de fabrication de 22 nm et plus. Mais vous l’aurez compris avec le paragraphe précédent, contrairement aux quelques produits gravés à l’aide de processus de pointe en 5, 4 ou 3 nm dont nous parlons régulièrement (SoC de smartphones, GPU…), ils représentent l’essentiel de la production mondiale.

Comme le rapporte notre confrère d’Engadget, au terme de l’enquête (laquelle débutera le 6 janvier prochain), l’USTR sera en mesure « d’imposer des droits ou d’autres restrictions à l’importation », de « retirer ou suspendre des concessions d’accords commerciaux » ou de conclure un accord avec la Chine pour « soit éliminer la conduite en question, soit compenser les États-Unis par des avantages commerciaux satisfaisants ». Étant donné les délais, ces décisions seront laissées à la discrétion de l’administration Trump (et plus spécifiquement à Jamieson Greeret, le futur représentant américain au commerce).

Un porte-parole du ministère chinois du commerce a déclaré dans un communiqué que la Chine « déplore et s’oppose fermement » à l’enquête américaine. Pékin a assuré qu’il « prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre résolument ses droits et ses intérêts » selon le New York Times.

Un épisode de plus

Bien sûr, tout ceci n’est qu’une nouvelle roue dans l’engrenage de la guerre commerciale qui oppose les deux puissances. Elle s’ajoute à la surtaxe sur les véhicules électriques chinois entrée en vigueur le 30 octobre, ou pour citer une réplique récente de l’autre camp, à l’interdiction des exportations de plusieurs métaux rares (dont le gallium et le germanium) vers les États-Unis.

Enfin, rappelons qu’au-delà des mesures initialement prises par le pays de l’oncle Sam et qui visaient à empêcher les entreprises chinoises d’avoir accès à des semi-conducteurs de pointe (via des restrictions sur les importations et les équipements), le CHIPS and Science Act – un vaste plan de subventions et de partenariat avec d’autres pays (Costa Rica, Panama, Viêt Nam, Indonésie, Inde, Kenya, Philippines et Mexique) – orchestre une diversification de la chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs (en faveur des États-Unis).

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Source :

The White House



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