Les GAFAM accaparent la moitié du trafic internet français

Les GAFAM accaparent la moitié du trafic internet français


La dernière édition du rapport sur l’état de l’internet en France de l’Arcep donnera du grain à moudre aux partisans du « fair share ». Soit la possibilité de faire contribuer financièrement les plus grands pourvoyeurs de trafic internet au développement et à l’entretien des réseaux de télécommunications. Les grands acteurs des réseaux sociaux, du streaming ou de l’e-commerce s’accaparent, de fait, une large part de la bande passante disponible.

En 2023, plus de la moitié du trafic internet français (53 %) provenait de cinq géants du numérique tous américains :

  • Netflix
  • Akamai
  • Meta
  • Google
  • Amazon

Si Netflix reste le principal contributeur de trafic, sa part diminue en un an de 19,7 à 15,3 %. A l’inverse, Akamai, spécialisé dans la diffusion de contenus ou CDN (Content delivery network), progresse d’un peu plus de 3 points pour atteindre 12,3 %.

CDN, les passeurs de plat

Une croissance qui s’expliquerait par la forte la demande de contenus vidéo hébergés en mode cache dans les serveurs d’Akamai. Des acteurs de l’audiovisuel comme TF1 ou M6 et des plateformes comme Disney Plus acheminent tout ou partie de leur trafic via des CDN ou d’autres intermédiaires techniques de l’internet. Ce qui explique leur faible part du trafic dans le graphique ci-dessous. En tout, 20% du trafic entrant vers les clients finals est acheminé par les CDN.

Les parts de Google et Meta baissent respectivement de 0,8 et de 1,3 point pour s’élever à 9,8 % et 6,8 % du trafic entrant. Celle d’Amazon recule également mais légèrement pour atteindre 6,4 % contre 7 % fin 2022.

La part de Twitch – appartenant à Amazon – passe de 3 % à 2,1 %. En dehors de ces cinq acteurs, on peut relever la progression de la part de Bytedance, la maison mère de TikTok, dont le volume a doublé depuis 2021 pour accaparer 1,1 %. Le premier français est Canal + avec 2,6 %.

Le nombre d’abonnés au streaming se stabilise

Avec la multiplication des usages numériques, l’Arcep note, plus largement, une augmentation de 7,6 % du trafic entrant dans le réseau des opérateurs pour atteindre en cumulé 46,5 Tbit/s fin 2023.

La hausse est toutefois moindre que celle constatée entre fin 2021 et fin 2022, évaluée à 21,5 %.

L’autorité de régulation des télécoms explique cette décélération de la consommation de la bande passante par la stabilisation du nombre d’abonnés français à un service de vidéo à la demande – 56 %, +1 point en un an -, après plusieurs années de forte hausse et par les efforts entrepris par les fournisseurs de contenu en termes de compression et d’optimisation du trafic.

IPv6 : SFR et Free pointés du doigt

Comme tous les ans, l’Arcep profite de ce rapport pour faire un point sur la transition vers IPv6, un enjeu clé pour ne pas arriver à une scission en deux d’internet. Un site web ou une application hébergée en « IPv6-only » n’est plus accessible aux utilisateurs conservant une adresse IPv4.

Le gendarme des télécoms voit la situation progresser depuis l’an dernier où il s’alarmait sur des retards persistants dans la migration vers IPv6, plus de vingt ans après le lancement du protocole réseau. Elle concerne 81 % des clients fixe grand public (fibre optique, câble, ADSL) et 66 % des clients mobile, avec de fortes disparités entre les fournisseurs d’accès.

Dans le réseau fixe, Free fait figure de bon élève en activant systématiquement l’IPv6 pour tous ses clients, particuliers et professionnels, et SFR détient le bonnet d’âne. La situation s’inverse dans le mobile où Free arrive bon dernier. Free n’active pas l’IPv6 par défaut, précise l’Arcep. Il est nécessaire « d’activer manuellement l’IPv6 dans son espace client, puis sur son mobile Android, à moins d’avoir un smartphone commercialisé à partir de juillet 2022 ». Il en est de même pour les iPhone.

Les hébergeurs, le maillon faible

Les hébergeurs de sites web représentent, pour l’Arcep, « l’un des maillons de la chaîne d’internet les plus en retard dans la migration vers l’IPv6 » avec seulement 31,2 % des sites accessibles en IPv6. Un chiffre toutefois en augmentation de 6 points. Ionos, AWS, Infomaniak et Cloudflare sont plus vertueux dans ce domaine que leurs concurrents.

La transition des hébergeurs des messageries accuse également un fort retard. Seuls 18,8 % des serveurs e-mail sont à ce jour adressés en IPv6, un taux d’activation qui a néanmoins doublé en l’espace d’un an. Les acteurs les plus performants – Google, Infomaniak, Cloudflare et Gandi – ont plus de 94 % de noms de domaine en IPv6 pour leur activité e-mail.

On se rassurera au niveau mondial en constatant que la France se classe troisième parmi les cent pays comptant le plus d’internautes raccordés en IPv6 par leur opérateur, avec un taux d’utilisation de 64,6 % en avril 2024, derrière l’Inde (71,2 %) et la Malaisie (65,5 %).

Visuel généré par IA, Microsoft Designer



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