Dans l’intelligence artificielle (AI), on connaît le premier gagnant, le géant des puces numériques Nvidia. La valeur de l’entreprise, inconnue du public il y a quelques trimestres, a été décuplée depuis le plus bas d’octobre 2022. Elle vaut désormais 3 000 milliards de dollars (2 800 milliards d’euros), derrière Microsoft et a dépassé Apple accusé d’avoir pris en retard le train de l’intelligence artificielle. Nvidia a entraîné avec elle l’industrie mondiale des semi-conducteurs, dont l’indice SMH a augmenté de 70 % en un an en Bourse.
Mais on commence aussi à découvrir les premiers perdants, et ceux-ci ne sont pas nécessairement ceux qu’on attendait. Il s’agit des firmes de logiciels, à commencer par Salesforce. L’entreprise d’aide à la gestion client des entreprises a annoncé des prévisions de résultats décevants jeudi 30 mai et a perdu plus de 20 % de sa valeur le lendemain. Explication : les entreprises signent moins de contrats informatiques, se concentrant sur la mutation de l’IA.
« La plupart des entreprises n’ont pas de budget dévolu à l’intelligence artificielle, elles prennent donc de l’argent dans les dépenses non liées à l’IA et le réaffectent », a décrypté Anurag Rana, analyste chez Bloomberg Intelligence. « Elles continuent d’acheter des puces Nvidia et des serveurs Dell, mais elles ne signent pas de gros contrats logiciels. Les logiciels finiront par bénéficier de l’IA, mais cela pourrait prendre des années pour que cela se concrétise. »
« Carnage boursier »
Les entreprises spécialisées dans le cloud sont sanctionnées dès que leurs résultats ne sont pas parfaits. Comme le relève CNBC, Paycom, GitLab, Snowflake et ServiceNow ont toutes perdu plus de 10 % de leur valeur après leurs résultats tandis qu’Okta, spécialiste de l’authentification, a reculé de 25 %. « Le carnage boursier continue pour les sociétés de logiciels qui déçoivent Wall Street, attisant les craintes que la course à l’intelligence artificielle crée une nouvelle génération de gagnants et de perdants », commente l’agence Bloomberg.
D’une manière générale, l’engouement pour l’IA commence à se canaliser. L’époque où Soundhound, spécialiste de la voix artificielle, triplait de valeur en Bourse sous prétexte que Nvidia avait pris une petite participation à son capital, comme ce fut le cas en février, est un peu révolue.
Il ne suffit pas de prononcer le nom en conférence de presse ou d’ajouter « .ai » à sa dénomination sociale : des premiers résultats tangibles sont exigés. IBM n’a guère progressé depuis le début de l’année, alors qu’elle figurait parmi les espoirs de l’IA. « Les revenus liés à l’IA d’IBM ne génèrent pas de ventes significatives malgré de nombreuses annonces de partenariats et de collaborations », déplore l’analyste de Stone Fox Capital, Mark Holder. « Le manque d’investissement d’IBM dans l’IA… suscite des inquiétudes quant à sa capacité à capitaliser sur l’IA. »
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