Barrett Brown, un activiste associ au groupe de hackers Anonymous, est rcemment devenu un prisonnier politique aprs stre vu refuser lasile au Royaume-Uni. Son nouveau livre, My Glorious Defeats: Hacktivist, Narcissist, Anonymous, est dcrit par le New York Times comme draisonnable, hyperbolique et vrai . Dans ses mmoires, Brown nous emmne dans un voyage picaresque travers les coulisses du mouvement Anonymous. Ce groupe, souvent mystrieux et controvers, a cibl des entits telles que lglise de Scientologie, Koch Industries, des sites hbergeant de la pornographie infantile et lglise baptiste de Westboro. Brown a agi comme un traducteur entre les hackers et les journalistes grand public, aidant dmystifier leurs actions numriques.
En tant que machine attirant l’attention sur des problmes sociaux peu connus, Anonymous s’est attaqu l’glise de Scientologie, Koch Industries, des sites web hbergeant de la pornographie enfantine et l’glise baptiste de Westboro. Le public a tendance tre drout par des activits numriques nbuleuses, et il tait donc utile, l’apoge du collectif, que Barrett Brown serve de traducteur entre les pirates et les journalistes grand public. Barrett Brown est un activiste associ au groupe de hackers Anonymous et un prisonnier politique qui l’asile a rcemment t refus en Grande-Bretagne.
Lanne 2011 a commenc et sest termine par des piratages sophistiqus contre des entreprises affilies ltat, dont Stratfor, une socit qui espionnait les activistes pour le gouvernement. Brown, bien quil ne soit pas un codeur, a t accus de participer ce piratage, organis en ralit par un informateur du FBI. Il a galement retweet un appel assassiner Julian Assange, ce qui a t utilis contre lui lors de son procs.
Laffaire Stratfor et les accusations contre Brown
Le FBI a laiss les hackers attaquer la socit Stratfor, une socit prive amricaine qui uvre dans le domaine du renseignement, pour faire tomber Julian Assange, le patron de Wikileaks. Anonymous a rcolt plus de 200 gigabits dinformations avec l’intention de tout dvoiler par le biais de WikiLeaks. Le FBI veut se servir des archives drobes l’entreprise base au Texas pour cibler le patron du site.
Selon le magazine Rolling Stone, le FBI avait demand au hacker Sabu de vendre les informations voles Stratfor au dirigeant de Wikileaks. De cette manire, le FBI pense piger Assange et pouvoir linculper de recel et de complicit. Les ngociations sengagent, Wikileaks est intress par les documents. Une seule ombre au tableau: le FBI nest pas le seul disposer des archives de Stratfor. Sabu les a entreposes sur l’un de ses serveurs clandestins, et Sup_G en possde lui aussi une copie. Le hacker a lintention de les remettre gracieusement Wikileaks, le FBI doit tout prix lintercepter. La course contre la montre commence.
Profitant de laffaire Stratfor, le FBI va ensuite se tourner vers une autre cible : le porte-parole informel et autoproclam des Anonymous, Barrett Brown. Depuis le dbut de lanne 2012, les documents vols Stratfor sont entre les mains de Project PM, lorganisation de Barrett Brown, qui a commenc les dpouiller. Cinquante de ses membres sont mobiliss nuit et jour. Mais ils sintressent moins au contenu immdiat des mails quaux connections secrtes.
Aprs des semaines de travail, Barrett Brown exhume les liens entre une socit de scurit de San Diego et une socit travaillant pour la CIA. Il est convaincu davoir fait une dcouverte majeure. Les Anonymous, eux, font la fine bouche. Barrett Brown persiste, et met une vido sur Youtube aux inquitants accents conspirationnistes. Tout ses rvlations, Barrett Brown commet une erreur qui va lui tre fatale.
Dbut mars 2012 il poste sur un groupe de discussion un lien qui renvoie aux numros de cartes de crdit drobs Stratfor. Le 6 mars, au lendemain de larrestation de Jeremy Hammond, alias Sup_G, une douzaine dagents du FBI se prcipitent chez Barrett Brown. Ils pulvrisent la porte de son appartement et semparent de sa Xbox. Cependant Barrett Brown nest pas chez lui mais chez sa mre, o il prend une douche et se prpare avant dintervenir sur une chane locale de tlvision. Le commando du FBI sy rend. Les agents saisissent son ordinateur mais narrtent pas Barrett Brown. Pas encore
Tout va basculer quand en septembre 2012 : Barrett Brown se met en colre contre lagent spcial Robert Smith, responsable de la perquisition de son domicile et de celui de sa mre. Il franchit un palier quand il apprend que le FBI menace de poursuivre sa mre pour obstruction : sa mre a tent de dissimuler lordinateur de son fils. Barrett Brown poste alors sur Youtube une srie de trois films sous le titre de Pourquoi je vais dtruire lagent du FBI Robert Smith. Il exige la restitution de sa Xbox. Je viens dune famille de militaires dit-il, je sais me servir darmes feu. La vie de Robert Smith est finie. Je ne vais pas le tuer, mais je vais ruiner sa vie et mintresser ses putains denfants.
Des paroles quil regrettera amrement et quil imputera un redoutable cocktail de substances chimiques. Le rsultat ne se fait pas attendre: peu avant 23h, le soir du 12 septembre 2012, une escouade dagents du FBI dbarquent chez Barrett Brown et larrtent pour avoir menac la vie dun agent fdral.
Dans les mois qui suivent, Barrett Brown est charg de dix-sept chefs dinculpation, dont vol d’identit, vol de milliers de numros de cartes de crdit, dissimulation de preuves et menaces sur l’internet. Il risque 125 ans de prison. En dcembre 2014, aprs avoir pass un accord avec le gouvernement amricain, il est finalement condamn cinq ans de prison et payer 860 000 dollars de dommages et intrts.
Brown a galement t soumis au genre d’absurdit que le ministre de la justice a tendance infliger aux personnes impliques dans des activits Internet obscures que, en fait, presque personne dans le processus juridique ne comprend. Il a t accus d’avoir particip au piratage de Stratfor, bien qu’il n’ait pas t rellement impliqu et qu’il ne puisse pas coder, et bien que toute l’affaire ait t organise par un informateur du FBI.
Brown avait galement retweet l’appel au meurtre de Julian Assange lanc par un animateur de Fox News, ce que l’accusation a prsent comme s’il appelait lui-mme au meurtre d’Assange.
Victime de la cyberguerre secrte entre Anonymous et le FBI, il a t libr en novembre 2016, aprs avoir reconnu sa culpabilit.
Aprs quatre ans de prison, Barrett Brown est raccompagn la maison par ses parents et parle de ses projets futurs
La prison et la rdaction en cellule
Brown est devenu un prisonnier politique aprs stre vu refuser lasile au Royaume-Uni. Dans sa cellule, arm dun crayon sans gomme quun gardien complaisant doit constamment tailler, il rdige The Barrett Brown Review of Arts and Letters and Jail.
Sa mre le dactylographie ; The Intercept le publie.
Il dveloppe le personnage qu’il incarnera dans ses mmoires : un narcissique et un toxicomane conscient de lui-mme. Il remporte un National Magazine Award et est particulirement heureux que sa rubrique Please Stop Sending Me Jonathan Franzen Novels (Arrtez de m’envoyer des romans de Jonathan Franzen, s’il vous plat) soit rcompense en prsence de Franzen.
Alors que Brown est en prison et qu’il lit des lettres de personnes qui crivent d’autres personnes en prison, les choses tournent mal. Donald Trump tait sur le point d’entrer en fonction, ayant t lu prsident avec l’aide de mon principal ennemi, le fondateur de Palantir Peter Thiel, et de mon principal alli, Julian Assange. Brown rompt avec Assange et perd des associs.
De trs nombreuses personnes le doivent. Un membre d’Anonymous se rvle tre un nazi. Aprs la libration de Brown, The Intercept annonce qu’il ferme les archives Snowden, et Brown brle son certificat du National Magazine Award en signe de protestation.
Conclusion
My Glorious Defeats nous rappelle que la vrit peut tre aussi trange que la fiction, et que parfois, la ralit dpasse limagination. Du point de vue de la critique du New York Times, Brown, avec son style provocateur et sa vision critique, nous offre un aperu fascinant de lunivers dAnonymous et des enjeux lis la libert dexpression en ligne.
Envoy par New York TimesBrown joue sur le narcissisme imptueux pour l’effet comique, mais combien de rvolutionnaires, adoucis par l’histoire en de nobles ennuis, taient prcisment les semi-narcissiques auto-promoteurs et auto-centrs dont leurs socits avaient besoin l’poque ?
Nous nous retrouvons avec un homme qui refuse de dtourner le regard de la structure profonde du monde, une position instable dont il n’y a pas de refuge. Mes glorieuses dfaites est une uvre drange, hyperbolique et aussi vraie que celle que j’ai lue depuis trs longtemps.
Source : New York Times
Et vous ?
Quelle est votre opinion sur le rle dAnonymous dans la socit ? Est-ce un groupe de justiciers numriques ou des pirates informatiques sans scrupules ?
Pensez-vous que les actions dAnonymous ont eu un impact positif ou ngatif ? Ont-ils russi exposer des injustices ou ont-ils simplement sem le chaos ?
Comment percevez-vous la relation entre les hackers et les mdias traditionnels ? Barrett Brown a jou un rle de traducteur entre ces deux mondes. Est-ce une collaboration ncessaire ou problmatique ?
Quelles sont les limites de la libert dexpression en ligne ? Brown a t emprisonn pour avoir retweet un appel assassiner Julian Assange. Quelles implications cela a-t-il pour la libert dexpression sur Internet ?
Pensez-vous que les mmoires de Brown sont sincres ou exagres ? Quelles parties vous ont le plus marqu ?