Volkswagen AG et les syndicats des employés allemands ont commencé les négociations à Hanovre au sujet de la sécurité de l’emploi. Le mois dernier, pour la première fois de son histoire, le constructeur a mentionné la nécessité de fermer des usines. Une rupture qui ouvrirait la voie à la suppression de 15 000 emplois.
Après une trêve de deux ans, où les syndicats de Volkswagen et la direction ne se faisaient plus la guerre, voilà que la tension monte, comme elle n’est jamais montée depuis des années. Moins d’un mois après que les dirigeants de Volkswagen aient mentionné la nécessité de fermer des usines en Allemagne, les représentants des syndicats des employés ont été conviés à Hanovre pour débuter des négociations qui risquent de prendre du temps et attiser la tension.
Le syndicat IG Metall, l’un des principaux des plus de 130 000 salariés Volkswagen en Allemagne, s’est engagé à faire tout son possible pour contrer le projet de fermeture d’usine, qui pourrait ouvrir la voie à la suppression de 15 000 emplois. La menace ? Déclencher des grèves, qui pourraient venir paralyser le constructeur pendant des semaines. « Nous ne discuterons pas de fermetures d’usines ni de licenciements massifs », a déclaré Thorsten Gröger, négociateur en chef du syndicat.
Si Volkswagen en venait à maintenir son plan de réduction des effectifs, « des dizaines de milliers de collègues forceront l’entreprise à revenir sur la bonne voie », ajoutait le représentant d’IG Metall depuis Hanovre, où des centaines de salariés se sont déjà rassemblés ce mercredi 25 septembre pour montrer leur conviction avec des drapeaux et des sifflements. En plus de lutter contre le projet de fermeture d’usine, IG Metall compte obtenir une augmentation de 7 % sur les salaires.
Pour le syndicat, les employés de l’entreprise en Allemagne ne devraient pas avoir à souffrir des erreurs des dirigeants et des mauvais résultats de Volkswagen aux États-Unis. Mais la mauvaise forme du groupe ne tient pas seulement à ses performances outre-Atlantique. En Europe, les ventes sont en berne, notamment pour les voitures électriques, des modèles qui sont principalement construits en Allemagne et qui expliquent aussi pourquoi la direction souhaiterait réduire ses capacités de production.
De deux à cinq fermetures d’usines
Selon des analystes de Jefferies, cités par Bloomberg, Volkswagen pourrait fermer deux à trois sites en Allemagne, et jusqu’à 5 à plus long terme. Comme la plupart des constructeurs européens, les marques du groupe préfèrent venir produire dans l’est de l’Europe, où les salaires sont plus faibles. Au niveau international, l’Allemagne est le pays où les salaires sont les plus élevés de l’industrie automobile. Il en coûte à l’entreprise 59 euros par heure en moyenne, contre 21 euros en République tchèque et 16 euros en Hongrie.
Aux côtés du coût élevé des salariés, il y a aussi ceux de l’énergie. Et par là, il faut évidemment entendre ceux de l’électricité, qui posent problème sur de nombreuses industries nationales depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, et le ralentissement du commerce mondial. La concurrence chinoise pèse également, d’autant plus que les marques asiatiques cherchent maintenant à venir produire en Europe, et profiter de la fragilité des constructeurs allemands pour racheter leurs usines.
Pendant un temps, Volkswagen a cherché à réduire ses coûts en réduisant de 20 % ses « frais de personnel administratif », et compter sur les départs à la retraite et les départs volontaires pour réduire la voilure. Malheureusement, son objectif à 10 milliards d’euros d’économie ne pourrait pas passer autrement que par la fermeture d’usines, projet particulièrement controversé qui plus est, car le constructeur signait, en 1994, un accord de protection de l’emploi, qui devait interdire ce genre de licenciement jusqu’en 2029.
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IG Metall, la Basse-Saxe et Daniela Cavallo
La période de grâce pour l’emploi a été largement raccourcie et expirera désormais le 1er décembre prochain. Mais au sein des 20 sièges du conseil de surveillance du groupe automobile, encore beaucoup sont occupés par des représentants de salariés, ou le land de Basse-Saxe, qui détient 20 % du capital. Ce dernier préférait se ranger du côté des syndicats pour maintenir l’emploi et l’activité dans la région, et prioriser « toutes les autres options possibles ».
« Je dois admettre que c’est le jour le plus sombre jusqu’à présent », déclarait Daniela Cavallo à Reuters au début du mois, peu après que la direction ait mentionné son ambition de fermer des usines allemandes. En 2016, celle qui était déjà membre du comité d’entreprise de Volkswagen négociait déjà pour que les plans de licenciements chez l’entreprise nécessitent déjà de justifier d’une preuve tangible que des emplois n’étaient plus nécessaires. Depuis 2021, cette Italo-Allemande de 49 ans est passée présidente du comité et apparaîtra donc parmi les principales figures dans les négociations.
Selon plusieurs estimations, Volkswagen reste moteur dans l’économie allemande, avec une part de 5 % du PIB, et la casquette de premier employeur. Chez d’autres acteurs de l’industrie, notamment chez les équipementiers Bosch, Continental et ZF, des plans sociaux ont également été annoncés ces derniers mois.
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