« Les nouveaux jeux d’argent numériques ne sont viables que si les protections sont renforcées »

« Les nouveaux jeux d’argent numériques ne sont viables que si les protections sont renforcées »


Mi-juin, le salon VivaTech battait son plein, à Paris. Certains le comparent déjà au Consumer Electronics Show de Las Vegas. Elon Musk était reçu par le président de la République, Emmanuel Macron. L’heure est à l’innovation et le secteur des jeux n’est pas en reste. Le Sénat vient d’examiner les modalités d’un encadrement spécifique pour les jeux à objets numériques monétisables (Jonum).

A ce stade, une définition a été adoptée, mais les protections nécessaires à mettre en place n’ont pas encore été fixées. L’examen à l’Assemblée nationale à venir cet automne sera décisif à cet égard. Le moment est venu de s’interroger collectivement sur la place croissante qu’occupe le jeu d’argent dans notre société et sur les moyens de limiter les risques pour les personnes.

Depuis quelques années, le jeu d’argent se développe fortement. En 2022, le secteur représente près de 13 milliards d’euros, en croissance de 50 % depuis l’ouverture du marché en 2011. Au total, les Français misent plus de 55 milliards chaque année ! Au fil du temps, grâce notamment à la numérisation, le jeu d’argent est devenu un produit de consommation courante. On joue à tout moment avec son téléphone portable, dans tous les milieux, à tous les âges. On joue alors même que la France connaît depuis plus d’un an une période inédite d’inflation. Bref, le jeu est au cœur de nos sociétés, et ce phénomène se constate dans tous les pays.

Cela ne poserait pas de réel problème si le jeu d’argent était un produit comme les autres, un objet de consommation courante comme le savon ou le café. Mais ce n’est pas le cas.

Dommages collatéraux

L’Observatoire des jeux a estimé en 2019 à 1,4 million le nombre de joueurs à risque, dont près de 400 000 de niveau pathologique. 400 000, c’est plus que les habitants de Nice ou de Nantes ! Le fichier des interdictions volontaires de jeux géré par l’Autorité nationale des jeux (ANJ) voit, quant à lui, croître ses demandes d’inscription (1 300 demandes par mois en moyenne) pour totaliser 53 000 personnes, plus de la moitié étant âgée de 18 à 34 ans.

En réalité, il ne faut plus aujourd’hui parler seulement d’addiction, laquelle enferme encore le jeu dans une dimension clinique, mais d’un problème social, pour les jeunes en particulier, avec des dommages collatéraux dans l’entourage direct du joueur : surendettement, problèmes familiaux, difficultés scolaires, etc.

Trois ans après la mise en œuvre d’une réglementation qui renforçait déjà les obligations des opérateurs de jeux d’argent, l’ANJ considère aujourd’hui qu’il faut être plus restrictif : il ne faut plus seulement accompagner la croissance du marché en assistant de facto à une hausse corrélative du nombre de joueurs excessifs, mais diminuer en valeur absolue la population des joueurs excessifs. En fait, il faut appliquer aux jeux d’argent l’approche de la protection routière, celle de réduire le nombre de morts sur la route, peu importe le nombre de voitures qui circulent !

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