La revue des revues. Cuisine, bricolage, jeux de société, développement personnel, musique… Dans tous les domaines, les vidéos d’apprentissage se sont largement imposées au cours des deux dernières décennies. Au point que près de 80 % de la population en consomment. C’est ce que souligne la revue Réseaux (446 pages, 28 euros, numérique 20 euros), aux éditions La Découverte, dans son dernier numéro, « Des vidéos pour apprendre ».
Spécialisé dans la télécommunication, les médias et le numérique, ce trimestriel réunit des articles de sociologues, d’historiens, de philosophes et d’économistes. Cet opus est aussi un hommage à Dominique Pasquier (1952-2025) : la sociologue spécialiste des médias l’a coordonné avant sa mort, au printemps.
La revue s’interroge notamment sur les effets de cette démocratisation de l’accès aux savoirs – qui ne concerne pas que les jeunes, puisque les plus de 65 ans représentent 41 % des consommateurs de ce type de contenus.
Grande liberté
Dans leur article « La vidéo au service du loisir », les chercheurs Vincent Berry et Vinciane Zabban montrent comment, au service de leur pédagogie, les vidéastes se mettent en scène et interagissent avec leur communauté. Par exemple, pour familiariser les internautes aux jeux vidéo, certains streameurs jouent « pour de vrai » et commentent en direct chaque étape. Au lieu de lire les règles, ils reconstituent toute l’ambiance que le jeu provoque et font vivre au spectateur « des émotions propres à l’expérience du jeu : provocations, bluff, (fausses) colères, excitation, rires ».
Sur Internet, l’autoapprentissage offre une grande liberté à celui qui explore. Et si l’on a longtemps associé les tutos à des savoirs pour tous, le sociologue Patrice Flichy constate qu’ils sont aussi un véritable outil d’autoformation professionnelle. Et ce notamment pour les médecins, dans des « spécialités où le diagnostic et la circulation des connaissances s’appuient beaucoup sur l’image », comme les dermatologues et les dentistes. Si naguère les jeunes médecins demandaient à leurs professeurs des diapositives, ils consultent désormais des contenus à haute résolution en ligne.
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