Google s’oriente vers une nouvelle plateforme pour les extensions Chrome qui promet une plus grande sécurité. Cependant, des critiques accusent la plateforme de boycotter les bloqueurs de publicité et d’être trop favorable aux annonceurs.
En développement depuis six ans, la plateforme d’extension Manifest V3 de Google est conçue pour remplacer la version 2 avec des contrôles plus stricts sur le comportement des extensions. Les extensions malveillantes ou suspectes sont un problème pour tous les navigateurs, y compris Chrome. Pour résoudre ce problème, Google affirme que Manifest V3 permettra de mieux garantir que les extensions proposées dans le Chrome Web Store sont sûres et fiables.
Certaines extensions plus prises en charge par Manifest V3
Dans un billet de blog datant du mois de mai et sur une page de la chronologie des extensions Chrome, Google a annoncé qu’à partir du 3 juin, les utilisateurs des canaux Chrome Beta, Dev et Canary verraient apparaître un avertissement sur la page des extensions du navigateur, les informant que certaines extensions ne seraient plus prises en charge. Un message similaire apparaîtrait si l’on accédait directement à la page d’une extension dans la boutique. Les avertissements font référence à des extensions qui utilisent encore Manifest V2 et qui ne seront donc pas prises en charge par V3.
À ce stade, même la version publique stable de Chrome affiche le message d’avertissement. Nous avons consulté la page des extensions dans la version 127 de Chrome et appris que trois des extensions installées (Google Docs Offline, xBrowserSync et uBlock Origin) pourraient bientôt ne plus être prises en charge.
Manifest V3 remplacera complètement Manifest V2 début 2025
Au cours des prochains mois, ces extensions seront progressivement désactivées, a indiqué Google. Pendant une période limitée, il sera toujours possible de réactiver ces extensions Manifest V2. Mais à terme, cette possibilité disparaîtra. Les utilisateurs seront alors dirigés vers le Chrome Web store pour trouver une alternative. Selon Google, l’objectif est de remplacer complètement Manifest V2 par V3 pour les consommateurs d’ici le début de l’année 2025.
Si vous avez déjà installé une extension boguée ou même malveillante dans Chrome, Manifest V3 est une évolution positive. Nous voulons tous des extensions sûres et sécurisées qui fonctionnent correctement dans le navigateur. Mais il y a des contreparties indésirables.
Un moyen d’étouffer les bloqueurs de publicité
Tout d’abord, des critiques ont accusé Manifest V3 d’être un moyen pour Google d’étouffer les bloqueurs de publicité. En effet, certaines de ces extensions dépendent d’un code hébergé à distance qui ne serait pas pris en charge par la V3. uBlock Origin est un type particulier de bloqueur de publicités qui a été pointé du doigt sur la nouvelle plateforme d’extensions de Google. Sur la page GitHub de uBlock Origin, le développeur de l’extension décrit le dilemme.
« À partir de Google Chrome 127, un avertissement concernant uBlock Origin (uBO) apparaîtra sur votre page d’extensions Chrome », indique le message. « C’est le résultat de la suppression de la prise en charge de Manifest v2 au profit de Manifest v3. uBO est une extension Manifest v2, d’où l’avertissement dans votre navigateur Google Chrome. Il n’existe pas de version Manifest v3 de uBO, c’est pourquoi le navigateur vous proposera d’autres extensions pour remplacer uBO. »
Pour les personnes qui souhaitent continuer à utiliser uBlock Origin, la seule option future prise en charge par Chrome sera uBO Lite (uBOL), une version simplifiée conforme à Manifest v3 mais dépourvue de toutes les fonctionnalités non prises en charge.
Google pris entre deux impératifs
Deuxièmement, Google doit d’une manière ou d’une autre apaiser deux publics : les utilisateurs et les annonceurs. L’entreprise doit s’assurer que ses usagers peuvent protéger leur vie privée en cachant leurs activités aux traqueurs publicitaires et autres outils intrusifs. Mais en tant qu’entreprise qui dépend des revenus publicitaires, Google veut également s’assurer que ses outils de confidentialité ne brident pas complètement les annonceurs.
L’Electronic Frontier Foundation et Mozilla ont affirmé que le passage de Google à Manifest v3 favorise les annonceurs au détriment des utilisateurs. Mozilla prévoit de continuer à prendre en charge Manifest v2 dans Firefox, comme le font d’autres éditeurs de navigateurs. Outre Google, Microsoft prend également en charge Manifest v3 avec Edge.
Trouver des alternatives ou changer de navigateur
Face aux critiques, Google a insisté sur le fait qu’il prenait toujours en charge les bloqueurs de publicités et autres extensions liées à la confidentialité malgré les changements apportés à Manifest v3. Mais les utilisateurs de Chrome qui rencontrent des obstacles pour exécuter des extensions non prises en charge devront soit trouver des alternatives, soit se tourner vers un autre navigateur.