Les fournisseurs d’accès européens aimeraient bien que les grandes plateformes en ligne mettent la main à la poche pour le financement des infrastructures internet sur le vieux continent. Mais ces dernières ne l’entendent pas de cette oreille…
Netflix, Amazon, Google et toutes ces entreprises de la tech qui exploitent les tuyaux des fournisseurs d’accès pour distribuer services et contenus doivent aider au financement des infrastructures internet en Europe. C’est en substance ce que réclament Orange, Deutsche Telekom, Vodafone, Telefónica, BT ou encore Telecom Italia, une vingtaine des telcos parmi les plus importantes du continent.
Nouveau coup de pression des Telco européennes
Ces entreprises vont envoyer une lettre ouverte à la Commission européenne ainsi qu’aux membres du Parlement européen pour faire valoir leur point de vue. Les futurs investissements sont « sous pression », assurent-elles. « Une contribution juste et proportionnée des plus grands générateurs de trafic pour [payer une partie des] frais de l’infrastructure réseau devrait constituer la base d’une nouvelle approche», selon ces groupes. Il est impératif que le régulateur européen prenne des mesures afin de sécuriser les investissements à venir, que ce soit pour la fibre ou la 5G, d’après la lettre.
Les opérateurs européens visent les plateformes les plus importantes et demandent un mécanisme de paiement « responsable et transparent » afin qu’ils puissent investir directement dans l’infrastructure numérique en Europe. Les signataires de la lettre déplorent que les plateformes ne paient « pratiquement rien pour le transport des données sur nos réseaux », alors que les fournisseurs de cloud facturent leurs clients « jusqu’à 80 fois plus cher le transport des données depuis leur nuage ».
Le trafic internet augmente de 20 à 30 % par an, une hausse provenant en grande partie de ces grandes sociétés du secteur des technologies. Si la croissance devrait se poursuivre dans les mêmes eaux dans les prochaines années, les opérateurs estiment que le retour sur investissement ne sera pas du même ordre de grandeur pour eux.
Cette équité entre contribution et investissement est au cœur des réflexions européennes depuis quelques années. La commissaire Margrethe Vestager s’était déclarée favorable à une participation financière des services en ligne, mais ce n’est pas si simple.
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Car ces plateformes participent aussi financièrement au développement des infrastructures réseau, via la construction et la maintenance de centres de données, ou encore les câbles sous-marins (elles représentent 50 % de l’investissement dans ce domaine). Le lobby de l’industrie tech, CCIA Europe, rappelle aussi que si les opérateurs connaissent une forte croissance de leurs activités, c’est aussi grâce aux contenus et aux services des entreprises du numérique et des technologies.
Un porte-parole de la Commission convient d’ailleurs au Financial Times que le problème est complexe et que toute décision doit être prise en comprenant les faits et les chiffres.
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Source :
Financial Times