les Pays-Bas prennent le contrôle d’un fabricant chinois de puces électroniques

les Pays-Bas prennent le contrôle d'un fabricant chinois de puces électroniques



La guerre des semi-conducteurs, jusque-là cantonnée aux États-Unis et à la Chine, prend-elle un tournant européen ? Les Pays-Bas ont décidé d’adopter une mesure inédite : prendre le contrôle d’un fabricant de semi-conducteurs chinois, localisé sur son territoire.

C’est une mesure exceptionnelle et inédite : le gouvernement néerlandais a pris le contrôle de Nexperia, un fabricant de semi-conducteurs chinois basé aux Pays-Bas. La décision, prise fin septembre, a été annoncée le dimanche 12 octobre dans un communiqué de La Haye. Elle aurait été prise pour garantir que suffisamment de puces restent en Europe. Selon les Pays-Bas, il faut éviter que les produits fabriqués par Nexperia ne deviennent « indisponibles en cas d’urgence ». Cette entreprise, qui appartient au groupe technologique chinois Wingtech depuis 2019, fabrique des composants essentiels pour l’industrie automobile européenne et l’électronique grand public : des puces électroniques.

Il s’agit d’une première : les Pays-Bas n’avaient jamais utilisé, jusqu’à présent, leur loi sur la disponibilité des biens. Le gouvernement local peut l’activer en présence d’une « menace pour la continuité et la sauvegarde sur le sol néerlandais et européen des connaissances et capacités technologiques cruciales », détaille le ministère des Affaires économiques néerlandais cité dans le communiqué. Or, dans ce dossier, « la perte de ces capacités pourrait constituer un risque pour la sécurité économique des Pays-Bas et de l’Europe » ajoute-t-il encore. En l’espèce, ce sont de « graves lacunes en matière de gouvernance chez le fabricant de semi-conducteurs Nexperia » qui auraient incité le gouvernement néerlandais à agir.

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L’Europe, pion dans la guerre technologique entre les États-Unis et la Chine ?

La décision intervient dans un contexte de tensions grandissantes entre la Chine, les États-Unis et l’Europe. La semaine dernière, Pékin a imposé de nouvelles restrictions aux exportations de terres rares, un matériau indispensable à de très nombreuses industries, en représailles au durcissement des restrictions américaines portées sur les semi-conducteurs. Les nouvelles règles s’appliqueraient aussi à l’Europe, qui s’était déclarée « préoccupée ». 

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Trois jours plus tard, les Pays-Bas annoncent qu’ils pourront désormais s’immiscer dans la direction de l’entreprise Nexperia. Les décisions de cette société pourront « être bloquées ou annulées par le ministre des Affaires économiques si elles sont (potentiellement) préjudiciables aux intérêts de l’entreprise, à son avenir en tant qu’entreprise néerlandaise et européenne, et/ou à la préservation de cette chaîne de valeur critique pour l’Europe ». La décision est « exceptionnelle », a répété le gouvernement local. Elle a été prise en raison d’une « absolue nécessité », « en raison de l’ampleur et de l’urgence des lacunes en matière de gouvernance », a-t-il encore souligné.

La société chinoise déplore « des préjugés géopolitiques »

La mesure n’a pas manqué de faire réagir le propriétaire de l’entreprise basée aux Pays-Bas, la société Wingtech. Cette dernière a publié un message acerbe sur WeChat, avant de le supprimer, rapporte le South China Morning Post. Elle estimait que la mesure est « une intervention excessive motivée par des préjugés géopolitiques plutôt que par une évaluation des risques fondée sur des faits ». Elle a ensuite indiqué qu’elle prendrait des mesures pour protéger ses droits et qu’elle solliciterait le soutien du gouvernement

Dans le passé, Nexperia a fait l’objet de mesures similaires au Royaume-Uni : la société avait été contrainte de vendre son usine de puces électroniques située à Newport, au Pays de Galles, pour des raisons de sécurité nationale. Wingtech est depuis des mois dans le collimateur des autorités américaines. Elle est inscrite sur la « liste des entités » américaine : quiconque se trouve sur cette liste noire n’est pas autorisée à acheter des produits fabriqués aux États-Unis, sauf autorisation spéciale.

En septembre dernier, l’administration américaine avait durci le ton, en ajoutant à cette liste toute entreprise détenue majoritairement par une société chinoise – à l’image de Nexperia. Les Pays-Bas, alliés des États-Unis, abritent le champion mondial des machines liées aux puces électroniques ASML. Depuis 2023, le pays européen a accepté d’adopter certaines mesures, à la demande des États-Unis – notamment des restrictions d’exportations sur les machines d’ASML… au grand dam de Pékin. L’annonce de dimanche constitue donc un durcissement dans cet alignement avec les États-Unis.

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Nexperia, née de sa scission avec NXP Semiconductors, un fabricant néerlandais de puces électroniques, avait été rachetée par un consortium d’investissement chinois en 2017. Ce consortium a ensuite revendu ses parts à Wingtech : le géant des smartphones chinois en est devenu l’actionnaire majoritaire, deux ans plus tard.

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