En imposant des restrictions commerciales limitant l’accès des entreprises chinoises aux technologies d’origine américaine dans les semi-conducteurs, les Etats-Unis pensaient pouvoir bloquer durablement l’industrie chinoise au noeud 14 nm.
Après tout, il faut en principe des équipements spécialisés pour la lithographie EUV et des compétences pour pouvoir descendre plus bas, les champions du secteur comme TSMC ou Samsung proposant de la gravure en 3 nm.
Toutefois, il apparaît de plus en plus que la Chine n’est que partiellement entravée par les mesures de restriction et qu’elle conserve des capacités pour faire évoluer son industrie des semi-conducteurs.
Kirin 9000S : le signal d’alerte
Le lancement fin août 2023 de la série de smartphones Huawei Mate 60 et leur processeur Kirin 9000S gravé en 7 nm a donc constitué un choc en démontrant que la Chine pouvait produire des puces sur ce noeud de gravure, même si les conditions de leur production restent mystérieuses.
Un récent rapport parlementaire américain a souligné que les entreprises chinoises avaient acheté de grandes quantités d’équipements de lithographie DUV avant la mise en place d’un embargo sur ces machines et que ces dernières sont vraisemblablement poussées hors de leurs zones de fonctionnement normal pour parvenir à une gravure plus fine.
Le procédé manque sans doute d’efficience et génère des rendements faibles mais le résultat est là : la Chine peut déjà graver ses propres puces en 7 nm. Et après les puces mobiles, les processeurs pour PC chinois pourraient être les prochains à profiter d’une plus grande finesse.
Loongson prépare sa migration vers le 7 nm
Le concepteur de CPU et GPU chinois Loongson prépare sa migration vers le 7 nm pour 2024 avec la promesse d’une amélioration des performances de ses puces de 20 à 30% par rapport aux composants gravés en 12 nm proposés jusqu’ici.
Les premiers processeurs et GPU, sans doute produites par le fondeur chinois SMIC, pourraient alors arriver sur le marché d’ici 2025. Le passage à la gravure plus fine pourrait être particulièrement pour les processeurs pour serveurs.
Certes, pouvoir proposer des composants gravés en 7 nm en 2025 fera pâle figure face aux possibilités des grands fondeurs internationaux qui basculeront sur le 2 nm à la même période, mais cela démontre le blocage imparfait des restrictions américaines et la capacité du pays à pouvoir se doter petit à petit d’alternatives qui pourraient à terme lui permettre de gagner son indépendance dans l’industrie électronique.