Plus de 6 000 chercheurs et industriels se sont réunis à Londres fin mai pour la Conférence internationale sur la robotique et l’automatisation (ICRA), la grand-messe annuelle de la robotique, mêlant présentations des derniers résultats de recherche – dans des domaines aussi variés que la locomotion ou l’interaction homme/robot – et démonstrations allant des quadrupèdes Spot et Go1 au robot ailé Nimble.
Côté matériel, l’image du robot auprès du grand public est souvent anthropomorphe. En 1996, après des années de recherche menées dans le plus grand secret, Honda dévoile P2, qui ressemble à un astronaute en combinaison spatiale, mesure 1,80 mètre et pèse plus de 200 kilos, mais, surtout, marche avec une aisance et un naturel jamais vus jusque-là. Des humanoïdes de plus en plus évolués vont mener en 2013 à Atlas, de Boston Dynamics, un prodige de mécatronique et de design, capable aujourd’hui de danser, sauter, faire des pirouettes, etc.
Force est néanmoins de constater qu’aucune de ces incroyables machines, malgré leur retentissement médiatique et académique, n’a (pour l’instant) eu un impact réel sur l’industrie, et cela malgré les ambitions affichées récemment par Tesla pour Optimus.
Majoritairement des bras articulés
Aujourd’hui comme il y a soixante ans, la majorité des robots industriels sont, en fait, des bras articulés installés sur des chaînes de montage et consacrés à des tâches répétitives comme la peinture ou l’assemblage. Ils sont construits par une poignée de grands industriels majoritairement installés en Asie du Sud-Est et en Europe du Nord, et non plus, paradoxalement, aux Etats-Unis, pourtant pionniers dans ce domaine à la fin des années 1950. Des robots spécialisés trouvent, en revanche, de nombreuses nouvelles applications, allant des aspirateurs Roomba aux plates-formes mobiles Kiva, déployées par dizaines de milliers dans les entrepôts d’Amazon.
Côté intelligence, la robotique fait face à trois difficultés majeures. Elle doit, tout d’abord, intégrer de nombreux aspects de l’intelligence artificielle moderne, dont la navigation, la planification et la perception. Ensuite, un robot est une machine bien réelle dont les interactions physiques avec l’environnement peuvent entraîner des dégâts matériels, ce qui fait de la fiabilité et de la sûreté deux enjeux primordiaux et rend extrêmement délicat le processus d’exploration, une des clés de l’apprentissage par renforcement, par exemple. Dans ce contexte, l’arrivée sur le marché de plates-formes de simulation sophistiquées peut avoir un impact important.
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