Après une mission Artemis 1 qui a permis d’envoyer une navette faire le tour de la Lune et une mission Artemis 2 prévue cette année qui fera de même avec cette fois un équipage bien humain, le gros morceau du programme Artemis reposera sur le troisième volet qui consistera à faire alunir des humains.
Face aux contraintes financières et techniques, la mission Artemis 3 a déjà été repoussée à 2026 et ses objectifs pourraient être modifiés en fonction de l’avancée des travaux.
De nombreux éléments doivent être pris en compte dans le choix des sites d’alunissage et dans celui d’un éventuel campement humain semi-permanent. L’une des contraintes pourrait venir des séismes et éboulements de terrain.
Les particularités des séismes lunaires
Les missions Apollo précédentes ont déposé des sismomètres qui enregistrent périodiquement des tremblements sous la surface lunaire et peuvent créer des mouvements de terrrain dangereux pour les missions.
Ces derniers avaient réagi en 1973 à ce qui semblait être une importante secousse à proximité du Pôle Sud. Depuis, la sonde LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter) a repéré des lignes de fracture dans la même région qui suggère qu’il peut s’y produire des éboulements.
Ces séismes ne sont pas provoqués par des mouvements de plaques tectoniques comme sur Terre mais pas le refroidissement progressif de la Lune qui la contracte et crée des fissures dans le manteau, à la manière d’un raisin sec, générant en retour des déplacements de terrain.
En rose, l’épicentre potentiel du séisme de 1973, en carrés bleus, les zones possibles d’alunissage pour Artemis 3 à proximité du pôle sud
(credit : NASA/ LRO/ LROC/ASU/ Smithsonian Institution)
Des modélisations réalisées par l’Université du Maryland ont tenté de déterminer l’épicentre du séisme détecté en 1973, au regard des sites d’alunissage proposés pour Artemis 3, certains se trouvant clairement dans la zone potentielle.
Autre différence avec les séismes terrestres, les tremblements lunaires peuvent durer des heures. Ils sont suffisamment puissants pour endommager des bâtiments ou des infrastructures (un séisme de magnitude 5 avait été enregistré dans les années 70) et il faudra donc prendre en compte cette donnée pour établir un campement.
Tremblements et poussière, les défis à relever
L’un des problèmes est que la surface de la Lune est constituée d’un empilement de matière beaucoup moins compact que sur Terre, avec de la poussière et du régolithe se déplaçant facilement et en masse en cas de mise en mouvement.
Cette instabilité du sol lunaire sera d’ailleurs une des difficultés à résoudre pour de futures missions d’occupation humaine de longue durée : le terrain pourrait être piégeux et propice à des éboulements.
Il faudra donc anticiper ce danger pour les humains mais aussi pour les équipements, sachant que la poussière lunaire soulevée est extrêmement corrosive. Les résultats de l’étude de terrain au pôle sud lunaire sont publiés dans la revue Planetary Science Journal.