les streameuses, entre libération de la parole et ras-le-bol

les streameuses, entre libération de la parole et ras-le-bol


« J’essaye de refuser les interviews sur le cyberharcèlement dont nous sommes victimes parce qu’aujourd’hui, les médias me sollicitent surtout pour ça, alors que je veux aussi mettre en avant ce que je fais, mon boulot, mon contenu ». Ultia, « streameuse » aux 264 000 abonnés sur Twitch, en a ras le bol. La vidéaste s’est « résignée » et observe le mouvement de libération de la parole en cours comme « un éternel recommencement ».

Lundi 24 octobre, Maghla, vidéaste depuis 2016 spécialisée dans les jeux vidéo, publie un témoignage glaçant sur Twitter. « Fatiguée », elle y liste les différents modes opératoires de ses harceleurs en ligne. Elle dénonce ainsi, captures d’écran à l’appui, des « conversations entières » tenues sur le réseau social Reddit où des internautes l’imaginent dans des jeux de rôle sexuels. La gameuse aux 660 000 abonnés sur Twitch raconte « les montages », sur les forums, les commentaires « qui peuvent aller du “je la viole” » à « je vais la pénétrer cette chienne ».

Twitter s’emballe, d’autres vidéastes la rejoignent. Shironamie, 20 000 abonnés sur Twitch, poste une vidéo capturée pendant l’un de ses streams ses diffusions de vidéos en direct. Au téléphone, en haut-parleur, avec un calme olympien, elle discute avec un homme qui s’est procuré son numéro de portable et se fait passer pour un livreur. Il lui indique qu’il est en bas de chez elle. S’ensuit une logorrhée de menaces de viol et de meurtre. La vidéaste Baghera Jones, 280 000 abonnés sur la plate-forme, signale dans un autre tweet : « On est toutes épuisées de tout ça, on passe notre temps à entendre parler des progrès qui sont faits et non des choses immondes mais normalisées qui nous arrivent au quotidien ». Plus tard, Ava Mind, 174 000 abonnés sur Twitch, elle, partage un « deep fake » pornographique qui la met en scène – comprenez, une vidéo dans laquelle le visage d’une actrice X a été remplacé par le sien.

Hypocrisie et sentiment de déjà-vu

Menaces de viol, images de pénis (ou de photos souillées) non sollicitées, sexualisation permanente : la majorité de ces femmes, très visibles sur Internet, ont déjà tiré la sonnette d’alarme. En mai 2022, un homme de 27 ans écopait d’un an de prison dont six mois ferme avec mandat de dépôt au tribunal correctionnel de Meaux pour harcèlement moral. Sa victime ? Maghla. Dans ces tweets, toutes décrivent en creux leur lassitude de devoir se répéter plusieurs fois par an, preuves à l’appui.

A l’instar d’Ultia. En octobre 2021, lors du Z Event, événement caritatif qui réunit des vidéastes français, elle dénonce en direct les propos sexistes tenus pendant ce marathon du stream par l’un de ses confrères, Inox Tag. Elle devient la cible des fans de ce dernier et subit un cyber harcèlement de masse.

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