les ventes se maintiennent, les licenciements aussi

les ventes se maintiennent, les licenciements aussi


Les éditeurs de jeux vidéo peuvent se rassurer. Le chiffre d’affaires de la première industrie culturelle s’est établi à 184 milliards de dollars (168 milliards d’euros) à l’échelle internationale en 2023, selon le cabinet spécialisé Newzoo, soit une hausse de 0,6 % par rapport à 2022. Les ventes sont également au beau fixe en France avec un chiffre d’affaires de 6,1 milliards d’euros pour 2023, selon le bilan du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), publié mercredi 20 mars.

Et pourtant, en coulisses, plus d’un développeur sur deux craint pour son emploi, d’après un rapport des organisateurs de la Game Developers Conference (GDC) de San Francisco. Fin janvier, les divisions jeu vidéo de Microsoft et de Sony ont respectivement licencié 1 900 et 900 personnes. Le 28 février, l’éditeur Electronic Arts annonçait quant à lui vouloir réduire de 5 % ses effectifs (soit environ 670 licenciements qui s’ajoutent aux 775 de mars 2023).

Les géants de l’industrie ne sont pas les seuls concernés, car des studios de petite ou de moyenne taille sont touchés de plein fouet par des réductions d’effectifs ou même des fermetures. En tout, le site Game Industry Layoffs a recensé près de 8 000 licenciements durant le premier trimestre 2024, contre 10 500 pour l’intégralité de l’année 2023 – un chiffre déjà jugé alarmant.

Un emballement durant la pandémie

Mais pourquoi tant de pertes d’emplois ? « La situation n’est pas l’évidente conséquence d’une baisse des recettes. Ses origines sont plus complexes », répond Liam Deane, spécialiste du jeu vidéo pour le cabinet britannique Omdia. Le premier déclencheur identifié remonte à la période de pandémie de Covid-19, durant laquelle le jeu vidéo est un des rares secteurs à bénéficier des restrictions, avec l’e-commerce, le streaming ou la santé. « En 2020, le chiffre d’affaires de l’industrie a fait un bond de 20 % du jour au lendemain, parce que les gens passaient énormément de temps chez eux. Cette période a été l’occasion d’une forte expansion. Il y a eu beaucoup de recrutements, de l’investissement dans des projets et des rachats », poursuit l’analyste.

Cette croissance durant la pandémie favorise certains genres de jeux plutôt que d’autres : « Les jeux en ligne ont fait de très très gros scores durant la pandémie parce qu’on pouvait interagir avec ses amis, on pouvait avoir une activité sociale, observe Thomas Bidaux, cofondateur d’ICO Partners, cabinet de conseil et agence de communication spécialisée dans le jeu vidéo et sise à Brighton (Royaume-Uni). Mais, quelques années plus tard, ce sont eux qui ont connu le plus gros retour de bâton en termes de baisse de revenus mensuels. » En effet, 27 % des licenciements de 2023 concernaient des professionnels travaillant sur des jeux en ligne, selon le décompte de Game Industry Layoffs.

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