Une nouvelle biographie d’Elon Musk est arrivée dans les librairies. Sobrement baptisée « Elon Musk », elle est l’œuvre de Walter Isaacson, un célèbre écrivain et biographe américain. L’auteur s’est déjà penché sur une autre figure phare de la technologie par le passé, Steve Jobs, le fondateur d’Apple. Pour rédiger la nouvelle biographie du fondateur de Tesla, Isaacson a suivi Elon Musk au quotidien pendant une période de deux ans. L’écrivain a notamment été témoin du rachat controversé de Twitter et des licenciements décrétés par l’homme le plus riche du monde.
Grâce à cette longue période d’immersion, lors de laquelle Iscaason a « marché dans les pas de Musk, suivi ses réunions, parcouru ses usines avec lui », et interrogé tous ses proches, l’écrivain a pu obtenir une montagne de révélations sur le milliardaire. On vous propose donc de revenir sur les révélations les plus intéressantes de la biographie.
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La relation secrète d’Elon Musk avec le Dogecoin
Entre 2020 et 2022, Elon Musk s’est souvent amusé avec le cours du Dogecoin, une cryptomonnaie née d’une blague. Par le biais de simples tweets, le milliardaire pouvait donner un coup de fouet à la valorisation du token, ou provoquer son effondrement brutal. Finalement, les investisseurs scrutaient toutes les prises de paroles de Musk pour déterminer s’il fallait racheter du Doge ou plutôt parier à la baisse.
Dans la biographie, on apprend qu’il ne faisait pas que blaguer. Apparemment, Elon Musk a « discrètement financé le développement » de la cryptomonnaie. En 2021, il s’est en effet rapproché de l’équipe de développement, fraîchement arrivée, du Dogecoin afin de les aider à « améliorer l’efficacité des transactions du système ». Tout porte à croire que c’est à ce moment-là que Musk a injecté de l’argent dans le projet.
C’est la première fois qu’un lien concret entre Musk et le Dogecoin démontre l’intérêt tangible de l’entrepreneur pour la devise numérique. D’après les informations glanées par le biographe, Musk a étudié la possibilité de concevoir un « système de médias sociaux blockchain », capable de gérer « des paiements et de courts messages texte comme Twitter ». Avec l’appui de son frère, Kimbal Musk, il a aussi envisagé de créer un « système de paiement utilisant Dogecoin ».
Elon Musk et la guerre en Ukraine
L’an dernier, peu après l’invasion russe, l’Ukraine a voulu lancer une offensive en Crimée contre son assaillant. L’armée s’appuyait alors sur des milliers de terminaux de réception Starlink, offerts par Musk, pour orchestrer ses opérations militaires. Comme le relate Walter Isaacson, Elon Musk a secrètement ordonné aux ingénieurs de Starlink de couper le réseau satellite en Crimée pour empêcher la contre-attaque ukrainienne. L’armée n’a donc pas été en mesure de mener l’offensive à bien.
Le milliardaire craignait que l’opération militaire prévue par l’Ukraine aboutisse à une réaction radicale de la part de la Russie. En clair, Musk redoutait que le Kremlin ne dégaine l’arme nucléaire suite à l’attaque. L’entrepreneur s’était entretenu avec plusieurs dirigeants russes avant de prendre sa décision. En intervenant unilatéralement, le patron de Starlink cherchait ainsi à empêcher une guerre nucléaire, du moins dans son esprit.
« Starlink n’est pas censé être impliqué dans les conflits. C’est pour que les gens puissent regarder Netflix tranquillement, pour se connecter à l’école et faire des choses pacifiques, pas pour des frappes de drones », confie un Elon Musk, idéaliste et un peu naïf, à son biographe.
Une étrange négociation avec le fondateur de FTX
Quelques mois avant l’effondrement éclair de FTX, la célèbre plateforme d’échange de cryptomonnaies, Elon Musk a rencontré Sam Bankman-Fried, fondateur de l’exchange, lors d’un appel téléphonique. Le crypto-milliardaire souhaitait financer une partie du rachat de Twitter, qu’Elon Musk a payé 44 milliards de dollars. Peu après la faillite, Musk avait déjà révélé l’existence d’une entrevue avec « SBF ».
Dans l’ouvrage de Walter Isaacson, on en apprend davantage sur la manière dont l’échange s’est déroulé aux yeux d’Elon Musk. Sam Bankman-Fried voulait apparemment convaincre son interlocuteur qu’un réseau social comme Twitter pourrait fonctionner avec succès sur la blockchain. Malgré son intérêt pour le sujet, Musk précise que son « détecteur de conneries s’est mis à sonner ».
Par la suite, SBF a longuement tenté d’infléchir l’avis de son interlocuteur, en lui vantant longuement les activités de l’empire FTX. L’appel, qui a duré à peu près 30 minutes, a laissé une drôle d’impression au fondateur de Tesla, qui a décelé les problèmes de drogue du fondateur de FTX :
« Il parlait comme s’il était sous speed ou carburait à l’Adderall. Je pensais qu’il était censé me poser des questions sur l’accord, mais il ne cessait de me dire les choses qu’il faisait ».
Bref, le courant n’est vraiment pas passé. Selon l’écrivain, SBF est d’ailleurs ressorti de l’appel avec l’impression qu’Elon Musk était fou.
Le onzième enfant secret d’Elon Musk
Le livre révèle aussi certains pans de la vie privée du milliardaire. Il s’avère que Musk a eu un onzième enfant, baptisé Techno Mechanicus, ou Tau en version courte. La mère de celui-ci n’est autre que la chanteuse Grimes (Claire Boucher) avec qui Elon Musk a déjà eu deux enfants. L’ancienne compagne de l’entrepreneur a accouché dans le secret le plus complet à une date qui est restée inconnue.
Pour rappel, Elon Musk a eu six enfants avec l’écrivaine Justine Wilson et des jumeaux avec Shivon Zilis, directrice de projet de la start-up Neuralink. L’homme d’affaires a en effet accepté de faire don de son sperme à celle-ci. À ses yeux, il est essentiel que les êtres humains continuent d’avoir des enfants « pour perpétuer la civilisation ».
Le mode « démon »
Walter Isaacson s’est également penché sur la personnalité complexe d’Elon Musk. Diagnostiqué Asperger, une forme atténuée d’autisme, le milliardaire est aussi décrit comme instable, voire bipolaire, par ses proches. Son ancienne compagne Grimes révèle que Musk peut parfois passer en mode démon lorsqu’il est agacé. Cet état de frustration « génère beaucoup de chaos ». La chanteuse estime que le mode apparaît lorsque son ancien compagnon laisse « son côté sombre prendre le pas et qu’il s’enferme dans sa tempête cérébrale ».
« Ses humeurs cycliques passent de l’ombre à la lumière, de l’intense au loufoque, du détachement à l’émotivité, avec de temps à autre des plongées occasionnelles dans un « mode démon » très redouté par son entourage », explique Walter Isaacson, qui a interrogé la plupart des proches du patron de X.
Ce mode peut notamment s’activer si des employés ne sont pas à la hauteur des attentes élevées de Musk. Dans ces cas-là, il peut aller jusqu’à humilier ses salariés. On l’a vu lors du rachat de Twitter. Sur la plateforme, il n’a pas hésité à railler certains des ingénieurs qui s’opposaient à ses décisions… avant de les licencier. Pour Grimes, le démon n’est que l’une des personnalités d’Elon Musk. Au quotidien, il peut aussi se montrer agréable, drôle et charmeur :
« Il y a des types dans sa tête qui ne m’aiment pas, et je ne les aime pas non plus ».
Empêche-moi de tweeter si tu peux
Elon Musk a toujours été un fervent utilisateur de Twitter. Bien avant le rachat du réseau social, il était connu pour multiplier les tweets polémiques, assassins, voire légalement problématiques. Par exemple, il a annoncé la faillite de Tesla sur le ton de la blague, ce qui lui a valu les foudres de la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme boursier américain. En amont du rachat de Twitter, il s’est également fait remarquer en s’attaquant publiquement à Parag Agrawal, directeur général du réseau social de novembre 2021 à octobre 2022.
Conscient des abus d’Elon Musk, Antonio Gracias, membre du conseil d’administration de Tesla et proche confident du PDG, a finalement pris des mesures radicales pour calmer sa compulsion à tweeter… du moins pendant la nuit. Walter Isaacson révèle que celui-ci a une fois privé Musk de son smartphone. Il l’a caché dans le coffre de la chambre de l’hôtel dans lequel ils étaient descendus. Seul Gracias avait le code.
Malheureusement, l’excentrique milliardaire n’a pas tenu bien longtemps. Trois heures plus tard, il a convaincu le personnel de l’hôtel d’ouvrir le coffre afin de pouvoir recommencer à tweeter. Interrogé par la BBC, Elon Musk admet pourtant volontiers qu’il ne devrait pas publier des messages controversés en pleine nuit :
« Je pense que je ne devrais pas tweeter après 3 heures du matin. Si vous allez tweeter quelque chose qui est peut-être controversé, enregistrez-le en tant que brouillon, puis regardez-le à nouveau le lendemain et voyez si vous voulez toujours le publier ».
Une drôle d’idée : espionner les conducteurs de Tesla
Enfin, le livre révèle l’une des plus étonnantes idées d’Elon Musk. Apparemment, le dirigeant voulait espionner tous les conducteurs d’une voiture Tesla. Concrètement, il souhaitait que les toutes les caméras installées dans l’habitacle des véhicules s’activent en cas d’accident pour surveiller les automobilistes.
Grâce aux images enregistrées, Elon Musk espérait pouvoir promouvoir l’Autopilot, le pilotage automatique des Tesla, en cas d’incident. Selon lui, les vidéos auraient prouvé au monde que l’Autopilot n’est pas responsable des accidents, au contraire du conducteur. Musk affirme en effet que les automobilistes ne respectent pas les conditions mises en avant par Tesla.
« Le pilotage automatique est destiné à être utilisé par un conducteur pleinement attentif, qui a les mains sur le volant et est prêt à prendre le relais à tout moment », explique la firme d’Elon Musk sur son site officiel. Même avec l’Autopilot activé, vous devez impérativement garder les mains sur le volant. Trop souvent, les conducteurs s’affranchissent de cette obligation. Évidemment, l’idée de Musk a été rejetée en bloc par les ingénieurs et les responsables de Tesla.