Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, jouait ce qui était peut-être son dernier recours, mardi 20 et mercredi 21 février, à Londres, où la Haute Cour examinait une demande d’appel concernant la procédure d’extradition formulée par les Etats-Unis. Durant deux jours, et alors que des manifestants se massaient à l’extérieur des tribunaux britanniques, les juges ont écouté les arguments de ses avocats et des conseils américains. Leur décision d’accorder ou non une ultime audience en appel sur ce dossier est attendue dans les prochaines semaines.
Le lanceur d’alerte australien a passé sept ans reclus dans l’ambassade d’Equateur avant d’être arrêté par la police britannique en 2019, dans le cadre d’une procédure pour viol et agression sexuelle en Suède, et combat depuis la demande d’extradition formulée par les Etats-Unis. Il est poursuivi sur le sol américain pour avoir diffusé à partir de 2010, avec son site WikiLeaks, des centaines de milliers de documents classifiés américains, qui révélaient notamment le lourd bilan de la guerre en Irak. Des publications qui s’étaient faites en partenariat avec de nombreux médias internationaux, dont Le Monde.
Une interminable procédure légale
L’acte d’inculpation émis par la justice américaine à l’encontre de Julian Assange est un cas unique aux Etats-Unis, puisqu’il est, entre autres, poursuivi au titre de l’Espionage Act, un texte très dur ciblant la divulgation d’informations classifiées mais qui n’avait jamais, jusqu’alors, visé des journalistes. M. Assange risque jusqu’à 175 ans de prison.
Les audiences de cette semaine étaient la dernière carte dont disposent les avocats du lanceur d’alerte pour bloquer la demande d’extradition. En l’emportant, le camp du fondateur de WikiLeaks gagnerait le droit à une nouvelle audience en appel pour contester son transfert vers les Etats-Unis, à l’issue de laquelle une extradition est toujours possible. Si cela se produit, Julian Assange pourra encore formuler un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, souligne toutefois son comité de soutien.
En première instance, en janvier 2021, la justice britannique avait refusé l’extradition, citant l’état de santé psychologique du fondateur de WikiLeaks et les conditions de détentions difficiles qui l’attendaient outre-Atlantique, mais sans attaquer au fond l’action en justice.
Près d’un an plus tard, cette première décision a été cassée par la Haute Cour de justice, qui s’est appuyée sur une série de garanties émises par les autorités américaines. Elles ont, entre autres, promis que M. Assange serait correctement traité en détention et ne serait pas incarcéré dans le centre de haute sécurité ADX, dans le Colorado, dans laquelle les détenus sont très isolés. La demande d’extradition a alors été approuvée par la justice britannique, puis par la ministre de l’intérieur de l’époque, Priti Patel.
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