Quand Ilan Twig, le cofondateur et responsable de la technologie de Navan, a vu l’intelligence artificielle (IA) générative arriver, il est devenu « très paranoïaque ». Toutes les fonctions du groupe, gestionnaire en ligne des voyages et dépenses d’entreprises, étaient touchées : l’équipe marketing, les programmeurs, les juristes…
Il s’est alors empressé d’acheter 20 000 dollars (18 360 euros) d’unités de traitement graphique (GPU) pour mieux comprendre les usages de l’IA. Sa conclusion : ceux qui n’adopteraient pas cette nouvelle technologie prendraient du retard par rapport à leurs concurrents dans un horizon de un à trois ans. Et, au bout de cinq ans, ils auraient disparu.
Il y a encore quelques mois, les pionniers de l’IA générative se voulaient rassurants. La force de travail souffrirait peu, promettaient-ils. Après tout, les tâches réalisées par ce nouvel outil seraient toujours supervisées par un humain. Mais plus on avance, plus les chatbots améliorent leurs performances. Et l’on mesure l’ampleur des gains de productivité dans des domaines autrefois chasses gardées des cols blancs. Chez Navan, l’agente de voyages virtuelle Ava résout, seule, 40 % des problèmes posés par des clients, sans aucune intervention humaine. Et ses ingénieurs utilisant le copilote GitHub repèrent 25 % de plus de défauts de conception qu’un simple programmeur.
Coursera, qui offre des milliers de formations en ligne, a de même grandement bénéficié de l’IA générative. Depuis le début de l’année, le groupe propose 4 700 cours en vingt et une langues. Lectures, instructions, sous-titres de vidéo, questionnaires… sont adaptés à la langue de l’usager pour un prix dérisoire. La traduction d’un cours coûtait autrefois 13 000 dollars, elle est aujourd’hui à 25 dollars.
Plusieurs métiers intellectuels en danger
Près d’un cadre sur deux estime les patrons remplaçables par l’IA. « Les tâches réalisées par l’IA sont plus sophistiquées, constate le rapport du Burning Glass Institute et de la Society for Human Resources Management (SHRM) sur l’IA générative et la force de travail. Les emplois impactés sont ceux accomplis par des professionnels porteurs d’une expertise métier. » Et de citer les multiples atouts de l’outil virtuel : il répond aux questions, il se fait programmeur, il crée des images et des vidéos, il synthétise les textes, récupère très vite une énorme quantité d’informations… De quoi mettre en danger plusieurs métiers intellectuels, autrefois protégés des révolutions industrielles.
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