La question de la consommation énergétique du secteur numérique revient sur la table depuis l’explosion des outils d’intelligence artificielle, réputés grands consommateurs.
Le cabinet Advaes a publié une étude s’appuyant sur les données fournies publiquement par plus de 90 acteurs du secteur numérique afin d’évaluer l’évolution de la consommation du secteur en matière énergétique.
Transparence relative
Les acteurs retenus sont tous actifs en France, ce qui signifie que l’on y retrouve à la fois les grands fournisseurs de cloud américain comme Microsoft et Amazon, mais aussi les entreprises de service numérique françaises comme Atos et Capgemini, ou encore des opérateurs télécoms comme Bouygues ou Orange. Mais les auteurs soulignent tous ces acteurs n’ont pas publié de données sur leur consommation énergétique annuelle. Au total, seuls 52 entreprises ont publié des données complètes. 25 ont complètement fait l’impasse.
Au total, le cabinet d’étude révèle une progression de 18,5% de la consommation énergétique du secteur de 2021 à 2023. Elle passe de 159 Twh en 2021 à 188 Twh en 2023. Cette croissance est largement portée par les besoins en matière de puissance de calcul, notamment dans le cadre de l’entraînement et de la mise au point de modèles d’intelligence artificielle, ou modèles de langage.
Le cabinet note ainsi que la principale progression a eu lieu entre l’année 2021 et l’année 2022, avec une croissance globale de la consommation évaluée à 12,4%. Et si le cabinet ne dispose pas encore des données 2024 , les auteurs du rapport estiment que « la tendance ne semble pas des plus positives à la lecture des premières estimations remontées. »
Tous les secteurs ne sont pas égaux
Les tendances varient néanmoins largement selon la typologie des acteurs. Sans grande surprise, les fournisseurs de cloud et les opérateurs télécoms sont les plus gourmands, avec une hausse moyenne constatée de 14,4% de leur consommation électrique. Du côté des ESN en revanche, on constate plutôt une diminution de cette consommation électrique, en baisse de 4,3%
L’argument de la consommation énergétique est aujourd’hui devenu central pour les entreprises du numérique, affectées autant par la hausse de leurs besoins que par les augmentations des prix de l’énergie.
C’est notamment cette carte que le gouvernement français a choisi de jouer lors du sommet pour l’IA qui avait lieu en janvier, avec un certain succès. Les Émirats Arabes Unis ont ainsi choisi la France pour installer leur prochain datacenter dédié à l’intelligence artificielle, afin de profiter des capacités de production énergétiques du pays. Aux États Unis, de nombreux acteurs comme Google ou Oracle parient également sur le nucléaire pour parvenir à combler les nouveaux besoins du secteur en matière d’énergie.