« Libération » et une quarantaine de titres de presse engagent des poursuites contre un site d’information généré par l’IA

« Libération » et une quarantaine de titres de presse engagent des poursuites contre un site d’information généré par l’IA


Une quarantaine de titres de presse, dont Libération, ont engagé des poursuites contre un site d’actualité sans rédacteurs utilisant l’intelligence artificielle (IA) pour récupérer une partie de leurs contenus. La plainte suit une enquête de Libération et du média en ligne spécialisé Next, répertoriant plus de mille sites d’information au mode opératoire similaire. Les groupes de presse, estimant qu’il s’agit d’une contrefaçon qui porte atteinte à leurs droits d’auteur et droits voisins, souhaitent bloquer l’accès au site « dans un délai de quinze jours ».

« Face au vol massif de leurs articles, Libération et les groupes de presse La Dépêche du Midi, Sud Ouest, Publihebdos, La Montagne, Le Télégramme et La Nouvelle République du Centre (soit l’équivalent d’une quarantaine de titres de presse ou de déclinaisons locales) ont décidé de saisir la justice pour obliger les fournisseurs d’accès à internet à bloquer le site News.dayFr.com sur le territoire français », déclare l’article annonçant la procédure, paru vendredi 7 février dans Libération.

Des avocats coordonnés par l’Alliance de la presse d’information générale (Apig) ont déposé jeudi une assignation en ce sens auprès du tribunal judiciaire de Paris. Une « première réaction collective » qui doit, pour l’Apig, servir « avant tout à établir un cadre juridique clair face à l’émergence de sites utilisant l’intelligence artificielle pour reproduire massivement des contenus protégés par le droit d’auteur », rapporte également Libération.

Sites fantômes et ventes de domaines « crédibles »

Le site visé par la plainte, News. dayFR, republie des contenus de médias à l’aide de l’intelligence artificielle, qu’il monétise avec des publicités. « Créé en décembre 2021, ce site parasite le monde de l’information en publiant chaque jour plus de 6 000 articles automatiquement dérobés », ajoute Libération. Le site présente des faux profils de rédacteurs ainsi que des coordonnées de contact imaginaires ; il est indexé dans le service Google Actualités aux côtés de médias traditionnels ou de blogs, et même crédité dans des revues de presse ou sur Wikipédia.

Le nom de News. day. FR apparaît dans une enquête en plusieurs volets publiée depuis jeudi par Libération et par Next, qui relève l’existence d’au moins un millier de ces sites d’information automatisés ou dopés par l’IA générative. Ceux-ci produisent des centaines ou milliers d’articles quotidiens pour un coût quasi nul, car alimentés par l’intelligence artificielle, soit en plagiant ou traduisant des articles de presse existants, soit en les inventant totalement. Dans le premier cas, elle peut republier gratuitement de la production réservée à des abonnés ; dans le deuxième cas, les « hallucinations » de l’IA peuvent créer de fausses nouvelles, dont certaines seront présentées comme crédibles sur Google Actualités ou sur Wikipédia.

Selon Libération et Next, le mode opératoire de ces sites fantômes repose généralement sur le rachat de sites certifiés : des noms de domaines qui appartenaient à d’anciens sites d’information authentiques, labellisés comme des sources fiables par la plateforme Google Actualités. Abandonnés puis rachetés, ces noms de domaine continuent donc d’être considérés comme crédibles par Google et peuvent ainsi être affichés dans les suggestions « Discover », très visibles sur les téléphones Android. Ce référencement leur permet de générer du trafic, et de le monétiser par le biais de la régie publicitaire de Google – selon l’enquête de Libération et Next, ces sites peuvent générer jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an.

Le Monde

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