Il y a des rivalités qui ne s’éteignent jamais. Elles s’ensommeillent, puis resurgissent quand l’occasion s’y prête. Dans le monde de l’informatique, la plus célèbre est celle qui oppose Microsoft et Apple. Voilà quarante ans que Bill Gates et Steve Jobs (1955-2011), les deux fondateurs, ont entamé leur duel.
Aujourd’hui, leurs lointains successeurs continuent la bagarre. Lundi 20 mai, Satya Nadella, le PDG de Microsoft, a exulté en présentant sa nouvelle gamme d’ordinateurs portables de la gamme Surface. La nouveauté ? L’intelligence artificielle (IA), bien sûr. L’antique système d’exploitation Windows se dope à l’IA. Ses machines seront, dixit Microsoft, « 58 % plus rapides que les MacBook Air d’Apple les plus avancés ». Un chiffre précis comme les aime la firme de Seattle.
L’intelligence artificielle est le nouveau ring sur lequel s’affrontent les géants de la technologie. Ses promesses sont telles qu’elles dictent désormais leur valorisation boursière, et leurs investissements. Microsoft a désormais dépassé Apple au palmarès des entreprises les plus chères du monde. Il vaut 3 160 milliards de dollars (2 908 milliards d’euros) contre 2 900 milliards pour Apple.
Ce dernier s’active donc pour rattraper son retard. Mais, comble de l’ironie, il serait pour cela, selon l’agence Bloomberg, en négociations avancées avec OpenAI, le protégé de Microsoft. La firme dirigée par Sam Altman est décidément incontournable. Et le flot de dollars qui tombe sur elle creuse chaque jour l’écart avec ses concurrents.
De l’hommage au plagiat, il n’y a qu’un pas
Tout le secteur tombe sous le charme de cette entreprise. Tout le monde, sauf Scarlett Johansson. L’actrice hollywoodienne n’a pas apprécié que la voix dont est désormais dotée la dernière version de son logiciel GPT-4 lui ressemble de manière troublante.
Ce n’est pas un hasard. Comme beaucoup d’amoureux de la technologie, Sam Altman voue un culte au film Her, de Spike Jonze, sorti en 2013. On y voit le héros (Joaquin Phoenix) tomber amoureux de l’IA qu’il a introduite dans son ordinateur. Et sa voix troublante est celle de Scarlett Johansson. De l’hommage au plagiat, il n’y a qu’un pas, même si OpenAI affirme avoir utilisé des comédiennes anonymes pour animer sa machine.
La bataille de l’IA est donc faite de dollars, de rivalités et de sentiments. Elle brouille les lignes entre la réalité et la fiction. D’ailleurs, Scarlett Johansson n’est pas la voix d’origine du film de Spike Jonze. Mais le réalisateur n’était pas satisfait du rendu de la voix de la première actrice, Samantha Morton. Le fantasque Steve Jobs et le calculateur Bill Gates auraient apprécié ce moment où soudain des certitudes s’écroulent.