« L’intelligence artificielle générative n’a rien de magique »

« L’intelligence artificielle générative n’a rien de magique »


« Le battage médiatique est là, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous » (« the hype is here, the revenue is not ») était encore ces derniers mois la phrase fétiche des analystes financiers lors de la présentation des résultats des entreprises américaines cotées. La « révolution » de l’intelligence artificielle (IA) générative tardait à se traduire dans les chiffres. Mais les Big Tech sont enfin parvenues à générer des revenus grâce à l’IA.

Au dernier trimestre [2023], Microsoft Cloud a dépassé les 33 milliards de dollars [environ 30,31 milliards d’euros] de chiffres d’affaires. Les revenus de Google Cloud ont augmenté [en 2023] de 22 % par rapport à 2022. Autrement dit, les entreprises paient pour les services d’IA générative des fournisseurs de cloud.

Ces résultats ne sont cependant pas une fin en soi. Si on peut saluer l’impact économique naissant de l’IA générative pour les fabricants de grands modèles de langage, force est de reconnaître qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour l’ensemble des entreprises. Selon le cabinet QuantumBlack, moins de 10 % des entreprises ont vu l’effet de l’IA générative sur leurs résultats avant intérêts et impôts. Un chiffre inquiétant qui fait écho, en France, à la présentation du rapport de la commission interministérielle de l’IA, le 13 mars.

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A cette occasion, son président, l’économiste Philippe Aghion, a chiffré la hausse du produit intérieur brut qu’engendrerait l’IA (« une fourchette de 250 milliards à 420 milliards d’euros en 2034 »), mais s’est gardé de faire de même avec l’IA générative, car « sa popularité récente rend difficile d’avoir le recul suffisant ».

Evidemment, aucun des membres de cette commission ne doute du potentiel de cette technologie de rupture. Mais cette prudence ne peut être dissociée de la lenteur de la création de valeur générée grâce à l’IA par les entreprises.

Des cas d’usage spécifiques

Le 12 mars, le média spécialisé The Information publiait un article intitulé « Amazon et Google tempèrent les attentes autour de l’IA générative ». Les auteurs y relayaient des témoignages de dirigeants se demandant quand ils percevraient les bénéfices de ces « logiciels censés automatiser les tâches répétitives ». Contrairement aux discours qui ont escorté son invention, l’IA générative n’a rien de magique. Elle n’est pas encore « plus profonde que le feu, l’électricité ou tout ce qui a été créé par le passé », comme l’a affirmé Sundar Pichai, le PDG de Google.

Pour le moment, il s’agit d’une technologie qui doit être soumise à une approche méthodique pour créer de la valeur. Il faut d’abord identifier un nombre limité d’applications potentielles (« cas d’usage ») à forte valeur ajoutée, c’est-à-dire les singularités qui fondent la compétitivité de l’entreprise.

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