Il est 23 heures passées, mercredi 4 décembre. Il flotte, dans l’immensité de la salle Paris La Défense Arena, bien plus que les confettis accompagnant les dernières notes de The End. Paul McCartney, 82 ans, vient de conclure en beauté le premier des deux concerts parisiens de sa tournée internationale avec cette composition écrite en 1969 pour des Beatles alors en voie de séparation. « And in the end/ The love you take/ Is equal to the love you make » (« et à la fin, l’amour que tu prends est égal à l’amour que tu fais »). Paroles de circonstance.
Alors que les quelque 40 000 spectateurs présents ce soir-là, toutes générations confondues, quittent l’arène après plus de deux heures trente d’un show impeccable et 36 titres joués comme à la parade, se devine la joie d’avoir vécu un moment hors du temps. La nostalgie aussi d’assister – peut-être – aux derniers feux d’un artiste dont la carrière a commencé quand une partie du public venue communier sur Hey Jude et Let it Be n’était pas encore née.
Entre ravissement et mélancolie se mêlait un autre sentiment, plus diffus, sur ce qui attendait le monde de la musique dans les années à venir, quand ses glorieux aînés n’y seraient plus. Et le concert du jour n’y était pas tout à fait étranger. McCartney ne venait-il pas d’interpréter Now and Then, chanson de John Lennon sortie de l’oubli et des bandes analogiques d’une vieille cassette avec l’aide de l’intelligence artificielle (IA) ? Le même Lennon n’avait-il pas été convoqué sur scène par son ancien comparse pour un duo virtuel sur le titre I’ve Got a Feeling ? Vertige des possibles, où les technologies ne finiraient jamais de perpétuer nos idoles sous forme d’avatars, de spectres et autres chimères numériques. Ou de les faire disparaître d’un seul clic.
Préserver « la créativité humaine »
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