Et une fashion week de plus ! Alors que les géants du luxe ont repris leurs petites habitudes prépandémie, à savoir une pléthore de présentations à travers le monde – Chanel s’apprête à présenter son défilé croisière à Los Angeles le 9 mai, Louis Vuitton dévoilera le sien le 24 mai en Italie, Gucci montrera une précollection automne à Séoul le 16 mai… –, c’est un nouveau genre de « semaine de la mode » qui a eu lieu à New York, les 20 et 21 avril. La première fashion week entièrement créée à l’aide de logiciels d’intelligence artificielle (IA) s’est en effet déroulée, sous la forme d’une exposition ouverte au public, dans les locaux de Spring Studios, à Manhattan, là où se déroulent habituellement de nombreux « vrais » défilés.
Imaginé par l’agence créative Maison Meta, qui n’a rien à voir avec Instagram ou Facebook mais est également spécialisée dans les nouvelles technologies, l’événement a pris la forme d’un concours ouvert à tous. « Plus de 350 participants se sont inscrits, venus de tous horizons. Nous en avons sélectionné 200 dont les projets sont encore visibles sur notre site Internet. Parmi eux, évidemment des créateurs de mode ou des étudiants en design mais pas uniquement. Nous avons une avocate, des ingénieurs et bien sûr de nombreux développeurs dans le secteur de l’intelligence artificielle. Les âges des participants vont de 18 à 68 ans, avec une grande majorité de femmes », explique Cyril Foiret, un Français installé à New York, fondateur de Maison Meta.
Exactement comme dans les autres domaines où s’immisce l’IA, les photos de mode fournies par ces stylistes d’un genre nouveau sont hyper-réalistes. L’ambiance des défilés y est parfaitement recréée, avec des décors parfois grandiloquents – des dinosaures géants, des plages au sable blanc immaculé ou encore une serre entièrement fleurie – et des premiers rangs plus vrais que nature, Anna Wintour comprise.
Comment jouer à ce point avec la réalité ? « Les candidats ont travaillé avec différents logiciels, les plus courants étant Midjourney ou Stable Diffusion, puis ils ont ensuite peaufiné leur vision grâce à Photoshop », détaille Cyril Foiret. Dans les faits, il s’agit de décrire le plus précisément possible à l’ordinateur ce que l’on veut, avec des mots-clés – une ambiance, des inspirations, des effets de matières, des coupes de vêtements… –, et d’ajouter une sélection d’images, à la manière d’un moodboard.
Sacs à main flottants et drapés bizarres
Chaque défilé exposé sur le site Internet de l’événement présente également le profil du candidat (son âge et sa nationalité) ainsi qu’un descriptif de sa collection. Le graphiste et photographe Alexis Duku, un Français de 33 ans, propose ainsi une collection façon Mad Max de 23 silhouettes, « inspirée par de grands créateurs de tous horizons, imaginée comme une exploration de la couleur noire, un retour aux sources, une ode à la couleur qui n’en est pas une », explique-t-il sur le site de l’événement. Anastasiya Rogozhina, une Russe de 27 ans qui crée des contenus digitaux, propose quant à elle une collection richement travaillée, avec des vestes entièrement brodées d’or, inspirée par l’opulence de Versailles.
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