L’année 2022 a été marquée par une sécheresse intense dans plusieurs régions qui ne s’est pas complètement résorbée en 2023, alors que l’été débute tout juste. La crainte est de voir la situation se maintenir ou s’amplifier encore cette année et porter un nouveau coup aux écosystèmes.
Alors que les nappes phréatiques ne se sont pas reconstituées malgré les pluies de mai et de début juin, les tensions risquent de s’exacerber autour des usages de l’eau. Certaines communes ont déjà mis en place des restrictions concernant l’utilisation de l’eau et les appels à la modération et à la sobriété se multiplient.
Mais la réduction des usages (arrosage, piscine, lavage des véhicules) n’est qu’une parite du problème et ne fait pas tout quand les fuites dans les réseaux de distribution d’eau sont massives. L’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir dresse un constat amer à ce sujet et veut alerter les particuliers comme les municipalités.
Car en face d’une situation problématique de déficit de remplissage des nappes phréatiques qui est amenée à perdurer et à des débits fluviaux fortement réduits en saison estivale, il y a l’immense problème du gaspillage de l’eau perdue lors de son acheminement dans les réseaux de distribution.
Un immense gaspillage
La législation impose un maximum de 15% de fuites de leur réseau pour les agglomérations et si certaines d’entre elles sont vertueuses, avec quelques pourcents perdus seulement, d’autres laissent filer jusqu’à 30% de l’eau distribuée, voire 50% dans certaines communes de moins de 1000 habitants aux moyens financiers limités.
Selon les calculs de l’UFC, la moyenne nationale des fuites tournerait autour de 20%, soit 1 litre d’eau perdu dans la nature pour 5 litres distribués, soit 1 milliard de m3 perdus, l’équivalent de la consommation de 18,5 millions d’habitants.
La cause principale vient de la fragilité des matériaux des canalisations (fonte grise, PVC, amiante-ciment) dont « une grande partie d’entre elles a déjà dépassé l’âge où elles auraient du être remplacées« .
Or, malgré l’ambition de renouveler 1% du réseau national par an, le taux de renouvellement serait bien plus bas, vers 0,67%. A ce rythme, il faudrait plus de temps pour assurer le remplacement du réseau que la durée de vie des canalisations.
L’UFC note que les communes ont une responsabilité dans cette situation mais qu’elles peuvent aussi être démunies depuis que l’Etat s’est désengagé en 2016 de ce type de travaux.
Si les regroupements de commune peuvent déployer une stratégie globale et réunir des moyens financiers, les petites communes doivent se débrouiller seules sans avoir l’expertise ni le financement.
Demander plus de contribution aux gros consommateurs ?
L’UFC va faire des mécontents en signalant que la contribution au financement du réseau de distribution d’eau de l’agriculture intensive est très faible au regard de ce qu’elle consomme en ressources (de 48% jusqu’à 80% en été).
En ajoutant les compensations pour la pollution générée par son activité, l’association estime à 1,6 millliard d’euros le financement que le secteur pourrait apporter. Le sujet reste très sensible, comme on a pu l’avoir dans l’actualité à propos des bassines et des tensions à propos du pompage des nappes phréatiques.
Et puisque le gouvernement ne promet qu’une aide de 180 millions d’euros pour épauler le problème des fuites d’eau quand il faudra plus de 2 milliards d’euros annuels d’investissement, la situation ne va pas s’améliorer de sitôt…alors qu’il y a déjà urgence !
Pour sensibiliser particuliers et élus sur cette problématique, l’UFC-Que Choisir lance une campagne d’information #La fuite en avant tout en appelant au renforcement des aides aux agences de l’eau « en faisant progresser les redevances prélèvement payées par les acteurs professionnels« , en renforçant l’aide techniques pour les petites communes et en réduisant encore le taux de perte maximum des communes.