Véritable succès commercial et critique, le Hyundai Kona électrique, premier du nom, tire sa révérence. Son remplaçant : le nouveau Kona est entré en production il y a quelques semaines et promet son lot d’améliorations. Au jeu du restylage qui consiste parfois à légèrement modifié la signature optique d’une voiture à succès, on peut dire que Hyundai a établi un nouveau record en modifiant en grande partie son modèle d’entrée de gamme électrique.
Pour découvrir ce nouveau Kona, nous avons été jusqu’à la source du SUV, non pas les studios de design en Corée, mais l’usine où il est fabriqué, près de Nosovice en République tchèque. C’est d’ailleurs, l’un des arguments majeurs de cette nouvelle version du SUV coréen. Fabriqué quasi intégralement en Europe, même pour les batteries qui viennent de l’autre côté de la frontière polonaise, le Kona électrique disposera à coup sûr du nouveau bonus écologique qui sera mis en place au 1er janvier 2024.
Révolution de façade et de palais
C’est peu dire que les designers de Hyundai ont le coup de crayon facile. Depuis plusieurs années, leurs productions partent volontairement dans toutes les directions sans cohérence particulière entre un Ioniq 6, un Tucson ou encore un Santa Fé. Que le nouveau Kona électrique ne ressemble plus vraiment à l’ancien, cela peut s’entendre, qu’il ne ressemble à aucune autre Hyundai c’est nettement plus surprenant. Aussi, pourrait-on qualifier son style de clivant et il y a fort à parier que les traits très particuliers du petit SUV n’auront pas la même capacité de séduction que l’aspect rond et charmeur de son prédécesseur.
En conséquence, le look de ce nouveau Kona est très affirmé, quitte à déplaire, avec un bandeau de LED à l’avant comme à l’arrière pour souligner la signature optique. Les optiques principales prennent place dans le bouclier et présentent un aspect tranchant qui sera poursuivi par les plis de carrosserie sur le côté du SUV. Finalement, ce qui saute aux yeux sur ce Kona c’est le manque de cohérence esthétique entre l’avant et l’arrière, entre l’aspect arrondi de la poupe, les contours très marqués des passages de roues ou les lignes anguleuses de part et d’autre du profil. Hyundai semble vouloir assumer ce design très particulier auquel nous reconnaîtrons un avantage indéniable : il est impossible de confondre le nouveau Kona avec un autre véhicule.
Enfin, une dernière particularité que l’on retrouvait déjà sur son prédécesseur, comme chez son « cousin », le Kia Niro : la trappe de recharge se situe à l’avant, ce qui n’est pas toujours commode, mais qui est lié à la plateforme 400V du modèle original de 2019.
Dans l’habitacle : des airs de Ioniq
L’autre changement esthétique majeur, plus attendu celui-là, se trouve à l’intérieur avec un style directement issu de la gamme Ioniq. Nous vous en avions déjà parlé lors de notre découverte de ce Kona électrique cet été et notre avis n’a pas changé depuis. Sobre et efficace, l’intérieur sait mélanger avec justesse un aspect moderne, avec ses deux écrans de 12 pouces et quelques touches de classicisme pour ce qui est de la partie climatisation et réglages de confort qui se fait encore via des boutons physiques.
On apprécie tout particulièrement le soin apporté à la partie connectivité et recharge. En effet, le Kona propose non seulement deux ports USB-C alimentés, mais aussi des boutons pour activer ou non la zone de recharge à induction. Comble de la geekerie, mais évidemment on adore, ces ports sont dotés de leds orange ou bleu selon qu’un appareil soit en charge ou pas. À noter, que les passagers arrière ne sont pas en reste puisqu’ils disposent, eux aussi, d’un port USB-C chacun.
Côté OS, il y a aussi de la nouveauté avec un système propriétaire qui a été mis à jour depuis la sortie du Ioniq 6 et qui propose un bond en avant considérable par rapport à ce que le Kona original avait à offrir jusque là. En dehors de petites améliorations de l’interface, le système bénéficie désormais de mises à jour à distance (OTA) qui pourront permettre d’implémenter de nouvelles fonctionnalités dans le futur, sans avoir à repasser par la case garage. Espérons d’ailleurs que dans l’un des ses prochains patchs, Hyundai décide de modifier le comportement de ses avertisseurs sonores dans l’habitacle. Ceux-ci sont toujours aussi intrusifs et rendent certaines manœuvres, notamment de dépassement, franchement pénibles. Comme nous l’avions souligné dans notre test du Ioniq 6, un avertisseur sonore prévient l’utilisateur lorsqu’il dépasse la vitesse réglementaire autorisée. Sur le principe, rien à redire. Sauf que ce système est lié à celui de la reconnaissance automatique de la signalisation et que celle-ci connaît quelques ratés par moment. Conclusion : si votre Kona n’aperçoit pas un panneau de changement de vitesse, son habitacle se mettra régulièrement à sonner… jusqu’au prochain panneau. Malheureusement, le seul moyen de désactiver cette option consiste à se priver de la reconnaissance automatique des panneaux.
Enfin, le Kona dispose à présent d’un planificateur d’itinéraire qui ne vous dissuadera pas d’utiliser les applications habituelles telles que ABRP, bien plus pertinentes. En effet, si sur des trajets courts, les recommandations du système de Hyundai peuvent s’entendre, celui-ci est beaucoup moins à l’aise avec les trajets longs.
Autonomie : une valeur sûre, mais une sacré épine dans le pied
Depuis le lancement du premier Kona électrique, l’autonomie est l’un des points forts de ce modèle. Très rapidement, Hyundai a su s’imposer comme une référence en la matière et la consommation du Hyundai Electric de 2019 figure toujours parmi les meilleures de sa catégorie. Avec le recours à la même plateforme électrique que l’original, cette nouvelle version se devait donc d’afficher des performances au moins équivalentes. De fait, la communication officielle de la marque annonce 514 km d’autonomie dans la configuration la plus avantageuse de ce nouveau Kona, c’est-à-dire avec sa grande batterie de 65,4 kWh et chaussé de ses jantes de 17 pouces.
En effet, le Kona (2023) sera également vendu dans une configuration plus accessible avec une batterie de 48 kWh qui promet 377 km d’autonomie.
Qu’en est-il réellement ? Malgré un gabarit plus imposant et une batterie plus grande et donc plus lourde, le Kona reste excellent en termes de consommation. Sur notre parcours mixte de 80 km, avec une petite portion autoroutière, nous avons obtenu une valeur de 12,7 kWh/100 km. Les ingénieurs de Hyundai sont sans doute parvenus à optimiser le fonctionnement de ce bloc batterie et ce d’autant plus que la motorisation, elle, a très peu bougé, le nouveau moteur étant légèrement plus puissant. Comme la totalité des voitures électriques du marché, la consommation du Kona grimpe dès lors qu’il emprunte une bretelle d’autoroute. Malheureusement, notre temps d’essai ne nous a pas permis d’aboutir à une moyenne dans ce cas de figure, mais par extrapolation, il semble possible d’espérer 350 km d’autonomie sur voir rapide avec une batterie pleine.
Enfin, ajoutons également que cette Kona disposera aussi d’une nouvelle fonctionnalité qui n’était pour l’instant réservée qu’aux modèles électriques haut de gamme de Hyundai, le V2L (vehicule to load), autrement dit la recharge inversée entre sa voiture et le dispositif de son choix. Ce procédé nécessite l’achat d’un adaptateur, bien entendu, mais il permet de recharger si besoin un vélo électrique, un smartphone ou un PC portable, lorsque la voiture est à l’arrêt, avec l’énergie contenue dans la batterie.
Malheureusement pour le Kona, ce bilan est terni par un aspect qui nous semble avoir été négligé : la recharge. Sur ce point, Hyundai paye au prix fort le recours à une plateforme technique sans doute trop datée. Limité à 100 kW de puissance de recharge en DC, le Kona risque d’être une tannée à charger sur un long trajet. Certes, Hyundai est un constructeur qui prend la peine de soigner les courbes de recharge de ses véhicules, et il est permis d’espérer de bonnes performances de ce côté là, mais il n’en demeure pas moins qu’une recharge à 100 kW au mieux reste bien en dessous de la moyenne et limite fortement la polyvalence du petit SUV.
Sur la route, le nouveau Kona électrique ça donne quoi ?
Nous passerons rapidement sur les sensations de conduite à bord de ce nouveau Kona électrique. Pourquoi ? Parce qu’elles sont tout simplement sans surprise aucune. Dans la continuité de ce que Hyundai proposait sur son précédent SUV, cette nouvelle mouture offre des performances tout à fait comparables et finalement conformes à ce qui est attendu sur ce genre de véhicules. Confortable, assez doux à conduire mais disposant également d’une ressource de puissance intéressante si besoin, le nouveau Kona affiche un bilan plus qu’honorable pour un petit SUV familial.
Un prix en hausse justifié ?
Outre son autonomie dantesque eu égard à la capacité de sa batterie, ce qui rendait le Kona pertinent jusque là, c’était un prix d’achat parmi les plus intéressants du marché. La version 2023 du SUV compact coréen aura bien du mal à utiliser cet argument pour convaincre. Presque toutes les versions ont vu leur tarif augmenter, et c’est malheureusement la version d’entrée de gamme qui affiche l’augmentation la plus importante (+ 3 750 euros). Désormais, pour la version la moins chère du Kona, il faudra débourser 40 850 euros. Quant à notre version d’essai, Executive, elle se situe à 50 750 euros, soit plus chère qu’un Tesla Model Y.
Comment Hyundai justifie-t-il sa politique tarifaire ? Tout simplement en expliquant que la dotation et l’équipement de son Kona ont progressé, ce qui est indéniable. Mais est-ce un argument suffisant pour faire passer la pilule ? Sur ce point, l’ultime élément de réponse sera bien sûr le nombre d’immatriculations. Pour notre part, nous estimons que ce que le Kona a gagné en termes de technicité, il le perd au niveau de la compétitivité.
Verdict du test :
Plus grand, plus spacieux, plus confortable et toujours aussi doué en autonomie, le Kona (2023) affiche de beaux progrès par rapport à son prédécesseur, mais pas forcément là où nous l’aurions souhaité. En parallèle de ces améliorations, les performances ont stagné et, surtout, les prix ont sacrément augmenté. Hyundai pourra toujours arguer d’une hausse de qualité au niveau de l’équipement, il n’en demeure pas moins qu’à près de 50 000 euros pour notre version d’essai, la concurrence est féroce. Quant à la version d’entrée de gamme, elle se situe à plus de 40 000 euros, soit près de 4 000 euros de plus que le précédent Kona. Alors certes, celui-ci est fabriqué en Europe et dispose du bonus écologique, mais il s’agirait aussi parfois d’envisager des prix plus raisonnables.