L’Union européenne a posé, mercredi 28 juin, la première pierre de la création d’un euro numérique. La Commission a présenté sa proposition législative, dessinant les contours de ce que pourrait être cette nouvelle forme de monnaie.
Si sa mise en place ne sera pas effective avant plusieurs années – autour de 2027 ou 2028 – et que son fonctionnement exact reste nébuleux, l’enjeu est fondamental : « C’est une question de souveraineté monétaire », explique Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne.
Au départ se trouvent deux constats. Le premier, évident, est la diminution de l’utilisation de l’argent liquide, qui s’est accélérée avec la pandémie de Covid-19. Dans certains pays de la zone euro, les espèces représentent aujourd’hui à peine 20 % des transactions.
Le second a été le choc provoqué par le projet de Facebook, fin 2018, de créer sa propre monnaie. La libra était censée être une monnaie adossée au dollar, à la valeur stable, que ses quelque 2 milliards d’utilisateurs auraient pu utiliser entre eux. Les autorités monétaires américaines ont tout fait pour bloquer le projet, qui a finalement été abandonné. « Mais ça a été une alarme soudaine », explique une source à la Banque centrale européenne (BCE). Imaginer que les échanges internationaux puissent contourner les circuits financiers actuels, et affaiblir les banques centrales, inquiétait au plus haut point.
« Nous ne pouvons pas rester passifs »
D’ailleurs, pas moins d’une centaine de banques centrales au monde travaillent sur la question des monnaies numériques. La Chine est très en avance et a déjà émis son propre yuan numérique, sous forme de projets pilotes dans plusieurs grandes villes. « Nous ne pouvons pas rester passifs, tandis que d’autres pays commencent à penser à émettre leur propre monnaie numérique », écrivent dans une tribune commune, publiée sur Le Monde, mardi 27 juin, Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, et M. Dombrovskis.
Voilà pour la théorie. Mais, concrètement, à quoi ressemblerait un euro numérique ? Pour comprendre, il faut rappeler qu’il existe actuellement deux formes de monnaie : l’argent liquide, qui est directement émis par la BCE (les billets sont d’ailleurs signés par sa présidente, Christine Lagarde) ; et l’argent émis par les banques commerciales, par exemple quand celles-ci accordent un prêt. Cette seconde forme ne changera pas, seule la première est concernée.
Il n’est pas question de faire disparaître l’argent liquide, mais d’y ajouter un « complément », avec un euro numérique qui serait l’équivalent du liquide, mais sous forme électronique. Cette monnaie pourrait être conservée sur une application sur son téléphone, ou sur une carte prépayée. Elle doit permettre de payer même hors connexion Internet. Une limite maximale, à déterminer, sera fixée pour la quantité que chacun pourra posséder.
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