Le 6 juin dernier, Apple a dévoilé les deux premiers MacBook équipés de son nouveau processeur M2. Le premier, le MacBook Air a eu droit à une refonte complète de son design, affiné, allégé, et dans la ligne de ce que proposent les plus récents des MacBook Pro 14 et 16 pouces. Le second, justement, est un MacBook Pro. Mais il s’agit du modèle 13 pouces. Lui n’a pas droit à un nouveau design, et ne bénéficie donc pas d’un effet wow, lié à une nouvelle apparence.
Dès lors, et avant même d’avoir testé l’un et l’autre, on peut se demander si, au moment d’acheter un MacBook, le modèle Pro d’entrée de gamme a des cartes en main pour emporter l’adhésion. Le MacBook Air a-t-il tout pour lui, au-delà d’un nouveau design ? Petite revue de détails et de fiche technique.
Design, compacité et poids : léger comme l’Air
Pour ce round, le MacBook Pro a sans doute hésité à monter sur le ring. Son design de 2016 n’est évidemment pas désagréable, mais il n’a ni la fraîcheur de la nouveauté, ni la compacité relative que permet l’arrivée de la puce Apple Silicon.
Paradoxalement, en adoptant un design qui maintient la même épaisseur sur toute la profondeur de son châssis, le MacBook Air 2022 y gagne une plus grande impression de finesse. Avec presque un demi-centimètre de moins que le MacBook Pro (0,43 cm pour être précis), la différence est flagrante aussi bien à l’œil qu’en main. C’est d’autant plus agréable que le boîtier en aluminium recyclé, toujours parfaitement fini, assure une rigidité rassurante en cas de chute ou de séjour dans un sac à dos malmené.
La différence de poids se sent également nettement. Le MacBook Air mérite encore plus qu’avant son appellation, et se fait plus léger. Il perd 160 g, tout de même !
Rien à redire, pour ce round le poids plume remporte le point. Sans même parler des deux nouvelles finitions très réussies : Lumière stellaire et Minuit. Nous avons clairement une préférence pour ce coloris, qui, en fonction de la lumière, oscille entre bleu profond et noir.
Connectique – Touch Bar, ports, et webcam : l’Air de rien
Après les avoir passés sur la balance et sous la toise, faisons un tour rapide du boîtier. Les MacBook Air et MacBook Pro 2022 sont rigoureusement identiques d’un point de vue de la connectique. Ils sont aussi bons ou mauvais l’un que l’autre. Pas de jaloux. Tous deux assurent le minimum.
Apple offre deux ports Thunderbolt/USB 4, et il vous faudra continuer à jongler avec des dongles si vous souhaitez connecter une clé USB-A, ou un lecteur de carte SDXC.
On avait apprécié qu’Apple intègre un nouveau un lecteur de carte sur les modèles Pro haut de gamme : le grand public et les pros, qui recherchent davantage la mobilité que la puissance, ne semblent pas prendre de photos avec un appareil dédié ou une caméra. Tant pis pour eux.
Du côté des connexions sans-fil, on trouve du Bluetooth (5.0, et non 5.2) et du Wi-Fi 802.11ax, autrement dit du Wi-Fi 6, et non 6E, comme sur les appareils les plus récents mis sur le marché par la concurrence. En l’occurrence, on ne sait pas vraiment si c’est un défaut, sachant que tous les fabricants de produits réseau sont en train de forcer le pas pour proposer des modules Wi-Fi 7 dès la fin d’année.
La différence dans le domaine de la connectique et des accessoires se fait en deux endroits.
Commençons par la Webcam, point longtemps négligé, mais que la pandémie a remis au centre de notre attention. Le MacBook Pro s’entête à proposer une caméra 720p. Dans une machine premium, en 2022, on ne se l’explique pas. D’autant que le MacBook Air, comme ses grands frères récents a droit à une caméra FaceTime HD 1080p.
Enchaînons avec le clavier, pièce centrale qui a fait la réputation des Mac, malgré les déboires des excellents mais défaillants claviers papillon. Le Magic keyboard est de la partie sur les deux portables, mais le MacBook Air propose 79 touches en tout, contre 66 (seulement) pour le MacBook Pro 13 pouces. Pourquoi ? Comment ? Tout simplement parce que le petit modèle Pro est le dernier à faire de la place pour la Touch Bar. Le petit écran OLED, qui affiche des touches ou raccourcis en fonction du programme utilisé, est toujours de la partie. C’est une bizarrerie historique.
Cela nous donne l’occasion, sans doute pour la dernière fois, de regretter qu’Apple n’ait pas réussi à imposer une forme d’uniformité dans l’usage de cette trouvaille ergonomique, qui aurait pu être bien plus pratique et utile, si elle n’avait pas été implémentée si différemment selon les applications. Sans règle et sans repère, pas de prise d’habitude, et donc pas de succès…
Néanmoins, certains utilisateurs, particuliers ou professionnels, aiment cette Touch Bar. Cela pourra donc être une raison d’opter pour le MacBook Pro 13 pouces. Pour les autres, ceux qui aiment les touches de fonction et une touche Esc large et facile à trouver du bout du doigt, vous savez où aller. Le MacBook Air vous tend les doigts…
Puisqu’on parle de doigts, terminons avec le lecteur Touch ID. Apple n’a pas intégré de caméra Face ID sur son MacBook Air, malgré son nouveau design. Le lecteur d’empreintes digitales est donc toujours le moyen d’éviter de saisir son mot de passe pour s’identifier à tout bout de champ.
Cela aurait pu se finir en match nul, mais le MacBook Air l’emporte dans cette manche selon nous. Une affaire de Webcam, et de Touch Bar pas si indispensable…
Ecran : l’Air voit plus grand…
Point crucial des ordinateurs, l’écran doit être l’objet de beaucoup d’attention. Après tout, pourquoi s’infliger une dalle mauvaise ou tout juste bonne quand on sait qu’on va passer des heures à la regarder ?
En l’espèce, on ne peut pas dire les MacBook Air et Pro soient a priori décevant en l’espèce. Toutefois, sans coller à ce qui se fait de mieux sur les derniers portables Apple, le MacBook Air monte en gamme. Il affiche jusqu’à un milliard de couleurs – mieux en théorie que ce que propose le MacBook Pro – et gagne en luminosité par rapport au modèle M1. Les deux machines font désormais jeu égal sur ce point avec 500 cd/m2 annoncés.
Toutefois, le MacBook Air prend un léger ascendant. Grâce à son nouveau design (et au recours à une encoche), sa surface utile croît un peu. La diagonale est désormais de 13,6 pouces, contre 13,3 pouces précédemment sur le MacBook Air M1, et sur le MacBook Pro M2.
Cette petite différence permet au Air de grapiller quelques pixels de plus pour sa définition. Rien de vraiment fulgurant, mais l’effet visuel est toutefois plaisant. Les bordures affinées et l’intégration de la barre de menu de chaque côté de l’encoche dégagent de l’espace pour vos programmes.
Sans qu’on puisse parler de KO, le MacBook Air remporte malgré tout ce round, aux points.
Configuration : égalité parfaite ?
Tournons-nous désormais vers le dur, la configuration. C’est là que, comme en 2020, Apple joue la carte de la plus parfaite égalité.
Les deux portables embarquent la même puce M2, avec huit cœurs CPU et dix cœurs GPU. Ils proposent tous les deux la même quantité de mémoire (8 Go) et de stockage (256 Go) par défaut. Les options pour accroître la quantité de RAM à 16 ou 24 Go de DDR5 coûtent le même prix pour les deux appareils, soit respectivement 230 et 460 euros. Pour le stockage, il faudra compter 230 euros pour 512 Go, 460 euros pour 1 To, et 920 euros pour 2 To pour les deux configurations, qui se plient au même maximum.
Par ailleurs, a priori, comme c’est le cas depuis plusieurs années, mieux vaudra prévoir d’emblée large à l’achat pour ne pas le regretter plus tard, les deux portables n’étant pas réputés pour leur capacité à être mis à jour a posteriori.
C’est en l’espèce, sur le papier, un match nul, une égalité parfaite. Toutefois, le MacBook Pro a, en théorie, un léger avantage pour ceux qui vont pousser la configuration d’Apple dans ses derniers retranchements. Son système de refroidissement actif (des ventilateurs) devrait lui permettre de maintenir un niveau de performances constant plus longtemps que le MacBook Air.
Voilà qui, selon Apple, devrait faire la différence si vous envisagez d’éditer des vidéos 4K sur cette configuration, ou lancer des calculs 3D ou autres gourmands. Les compilations longues pourraient éventuellement aussi en profiter, même si on demande à voir malgré tout. Est-ce que la seule présence de ventilateur va permettre de différencier les deux machines par les usages ? Attendons nos tests. D’ici là, on veut bien accorder l’avantage au MacBook Pro pour cette manche.
Autonomie : le Pro prend la main
Terminons notre petit duel de fiche technique par un point essentiel, lui aussi, l’autonomie. Nous n’avons évidemment pas encore testé ces deux machines, nous nous reposons donc sur les chiffres communiqués par Apple.
Sur la génération précédente, animée par les M1, nous n’avions pas obtenus les mêmes résultats que ceux donnés par le géant américain, néanmoins, les ordres de grandeur et différences étaient respectés. Le MacBook Pro M1 dominait assez largement le MacBook Air M1 dans les deux tests que nous faisons subir à tous les PC portables qui passent entre nos mains.
Fin 2020, Apple communiquait les mêmes autonomies pour ses MacBook Air et Pro que pour cette nouvelle génération, soit respectivement 18 et 20 heures en vidéo, et 15 et 17 en surf Web. La tendance devrait donc être identique avec ces Mac animés par le M2.
Pour mise en perspective, nos tests en streaming vidéo avaient abouti à accorder 11h36 au MacBook Air et 14h06 au MacBook Pro, tandis que notre test en autonomie polyvalente (simulation d’usages quotidiens divers) récompensait le MacBook Pro 13 pouces d’un 16h57 record, alors le MacBook Air rendait les armes à 13h46.
Sauf grosse surprise, le MacBook Pro 13 pouces devrait donc rester l’ultraportable d’Apple qui a le plus d’endurance. Si vous devez pouvoir travailler une très longue journée loin d’une prise électrique, vous savez quelle machine choisir. Même si, dans les faits, il est difficile de dire que le MacBook Air démérite et offre une autonomie qui le disqualifie.
Le prix, un dernier point à ne pas négliger…
Avant de conclure ce duel « théorique », il faut évidemment s’intéresser à un dernier élément : le prix. Et, c’est finalement sans doute l’élément ultime qui va faire pencher la balance dans un camp ou l’autre.
La première constatation, c’est que les prix ont flambé. Plus 450 euros entre le MacBook Pro M1 d’entrée de gamme et son équivalent M2, et « seulement » plus 150 euros sur le modèle haut de gamme du MacBook Pro. Mais, accrochez-vous, c’est le MacBook Air qui frappe le plus fort. Comptez 370 euros de plus entre les deux modèles d’entrée de gamme des MacBook Air M1 et M2, et plus 450 euros sur le modèle haut de gamme.
Pour le plus léger des ultraportables d’Apple, cette augmentation importante s’explique assez simplement par un repositionnement dans la gamme, puisque le modèle équipé d’un M1 reste en vente, en tout entrée de gamme, à 1 199 euros, soit 70 euros de plus… pour la même machine…
Le plus surprenant – et nous avons vérifié plus d’une fois, c’est qu’en définitive le modèle haut de gamme du MacBook Air M2 est plus cher de 20 euros que son équivalent pour le MacBook Pro M2…
Pour ce dernier round, le MacBook Pro s’en sort finalement plutôt bien. Pas forcément suffisamment pour séduire. Mais ces observations laissent toutefois à penser que le nouveau design du MacBook Air se paie au prix fort… Il faudra évidemment attendre d’avoir testé ces deux Mac pour trancher définitivement le débat.