Mario dans « Le Monde », de « Donkey Kong » à phénomène de cinéma

Mario dans « Le Monde », de « Donkey Kong » à phénomène de cinéma


Plus fort que sauver une ­princesse en détresse, sauver les salles de cinéma ! Et ça, Mario, le petit plombier moustachu, compte bien y arriver. En un mois, Super Mario Bros, le film a dépassé les 6 millions ­d’entrées en France – une première depuis le Covid. Un film qui « ne vient jamais désavouer son origine, celle d’un pur jeu vidéo », écrivait Muriel Joudet, le 5 avril.

Mario Bros, le jeu, a été créé il y a quarante ans, mais le prénom du personnage, cité pour la première fois dans Le Monde la même année, l’est pour un autre divertissement, Donkey Kong, un jeu vidéo de Nintendo, dans lequel le héros (qui était alors charpentier !) n’est qu’un personnage secondaire. C’était durant l’été 1983. « Le Monde Dimanche », supplément aujourd’hui disparu, proposait à ses lecteurs une chronique en douze épisodes sous forme de « leçons de jeu vidéo ».

Le 25 juillet 1983, le quotidien se penchait sur ce qui « fait d’un jeu un succès international ». Jean-François Lacan et Bernard Spitz formulaient une recette : « Le principe doit être immédiatement accessible à tout le monde (…), le jeu doit plaire à Tokyo comme à Paris (…) mais il lui faut garder aussi une personnalité, ce petit quelque chose en plus, indéfinissable, qui le distingue de tous ses concurrents. » Parmi ceux qu’ils recommandent – Space Invaders, Pac-Man… –, le fameux Donkey Kong se distingue. Ils y ont repéré un personnage intéressant : « Un certain Mario tente désespérément de délivrer sa bien-aimée prisonnière d’un monstre, digne héritier de King Kong ; ce dernier s’obstine à lancer des tonneaux qui roulent sur un échafaudage compliqué pour écraser l’amoureux. »

« Plus célèbre que Mickey Mouse »

Les deux journalistes ne le savent pas encore, mais, cette même année, Nintendo s’apprête à lancer un jeu dont ce « certain Mario » est le héros. Six ans plus tard, le 21 décembre 1990, Annie Kahn s’intéresse à l’insolent succès de « Mario et Luigi, les Mario Brothers, héros du plus célèbre des jeux électroniques », qui permet au japonais de dominer, de très loin, le secteur, « occupant près de 80 % du marché mondial ».

Le 27 février 1993 – le jeu a déjà 10 ans –, Claude Sarraute raille les parents qui accusent la télévision de corrompre leurs gamins : « Moi, les parents, je les tanne pour qu’ils obligent leurs gosses à la regarder, ­histoire de les arracher à cette saloperie de jeux vidéo. Déjà qu’ils ne savent ni lire ni écrire, ils ne pourront bientôt plus s’exprimer autrement que par onomatopées », écrit-elle. La chroniqueuse étrille tous les succès de l’époque, mais Mario ne s’en sort pas trop mal : « Le petit vendeur de pizzas, super-star des jeux vidéo, il est plutôt sympa. »

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