Avec le changement climatique, le permafrost, cette couche de terre gelée près du cercle arctique, tend à fondre, libérant dans l’atmosphère les gaz à effet de serre emprisonnés (gaz carbonique CO2 et méthane CH4), ce qui peut contribuer à alimenter le réchauffement de l’atmosphère.
La fonte de cette couche gelée contribue également à révéler des ossements de créatures et d’humains pris dans ce terrain hostile, mais aussi réveiller des microbes endormis depuis des dizaines de milliers d’années qui pourraient constituer de nouvelles menaces à venir.
Cette problématique est sous surveillance et il y a déjà des exemples de réactivation potentielle de virus ayant longuement séjourné dans les couches glacées. La difficulté est de savoir s’ils pourraient trouver de nouveaux hôtes et avoir un pouvoir contaminant pour des animaux ou les humains.
Le permafrost en voie de disparition
Ces inquiétudes risquent de s’amplifier ces prochaines années. Une nouvelle étude anticipe une disparition à 93% du permafrost d’ici 2100 par rapport à ses surfaces pré-industrielles, dans les conditions d’évolution du climat actuelles.
Cette conclusion est obtenue d’après la comparaison des changements climatiques entre la période actuelle et celle d’il y a 3 millions d’années. A la fin du siècle, il ne devrait plus rester que quelques poches résiduelles de permafrost en Sibérie orientale, dans le nord canadien et au Groenland, comme ce fut déjà le cas durant la période chaude du Pliocène (entre -5,3 et -2,5 millions d’années) qui constitue l’épisode le plus récent d’un réchauffement climatique global.
Parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), l’étude alerte sur les conséquences de la disparition du permafrost en termes « d’implications pour la vie humaine et les infrastructures, pour le cycle général du carbone et pour l’hydrologie de surface et souterraine« .
Risque d’emballement
Les simulations réalisées sur ordinateurs ont été alimentées par des éléments indirects comme la présence de certains végétaux et la composition du sol au Pliocène afin de reconstituer les données de température de surface et pouvoir réaliser des comparaisons avec la période actuelle.
Cette conclusion de la fonte massive du permafrost ne vaut que si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel. Toute possibilité pour le freiner permettra de ralentir cette évolution. Toutefois, la crainte porte sur des effets d’emballement avec des modifications en cascade difficilement récupérables même si l’effet initial s’atténue.
La conférence COP28 à Abou Dhabi va tenter de relancer la possibilité de limiter le réchauffement climatique à +1,5 degré, considéré comme une valeur qui permettrait de limiter les épisodes climatiques de très forte intensité et de maintenir le climat dans les conditions actuelles…s’il n’est pas déjà trop tard.