Max Louarn, cœur de hackeur

Max Louarn, cœur de hackeur


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Publié aujourd’hui à 01h38

La porte de l’appartement s’ouvre sur une bibliothèque de bandes dessinées. Une passion que le maître des lieux, Max Louarn, 50 ans, cultive depuis une trentaine d’années, depuis le temps où, ingénieur, il passait ses nuits sur son ordinateur. Il lui fallait ce « sas » de lecture avant de se coucher. Après avoir bourlingué autour de la planète, cet Avignonnais prépare aujourd’hui la chambre de son deuxième enfant dans ce loft, situé au cœur de la cité des Papes. Au mur, une photo grand format de son couple : lui, entretenu par les séances de boxe ; elle, ancienne mannequin russe, en robe bleu électrique. Le cliché date de janvier 2020, à Saint-Barthélemy, l’île où ils se sont rencontrés.

Le mur de BD et la robe bleue sont aussi les premières choses sur lesquelles deux policiers américains sont tombés, le 10 novembre 2020. Ce jour-là, accompagnés de leurs homologues du SRPJ de Montpellier, ils tambourinent à la porte à 6 h 30. « Je me revois plaqué au sol », se souvient Max Louarn. Voilà presque trente ans que les agents du FBI s’intéressent à lui. Ils connaissent sa réputation de pionnier dans le monde des hackeurs. Les quadras d’aujourd’hui, qui ont passé leur adolescence sur les consoles de jeux, ont des étoiles dans les yeux en entendant son nom. Au tournant des années 1990, « Maximilien » était le leader de Paradox, un groupe de geeks qui inondait le marché de jeux piratés.

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Sa vie de « hack », telle qu’il la raconte, est celle d’un rebelle de l’informatique. « Pas les pirates, bras armés d’Etats voyous ou de bandes criminelles équipées de rançongiciels, précise-t-il. Si aujourd’hui, on a la liberté de YouTube, si on a les MP3 et WeTransfer, si le jailbreak [débridage d’un appareil pour lever les restrictions imposées par le fabricant] est autorisé, c’est grâce à nous, les hackeurs. On a toujours été proliberté, c’est notre état d’esprit : faire ce qu’on veut avec les machines et que tout le monde puisse y avoir accès. »

Son histoire commence au milieu des années 1980, autant dire dans la préhistoire de l’informatique. Max a alors 14 ans et un profil de premier de la classe, surdoué en maths. Quand ses parents veulent le récompenser, il ne leur demande pas un Solex, mais un Commodore C64, l’ordinateur grâce auquel il va découvrir la scène balbutiante du hack. Avec ses correspondants, un Danois, un Américain et un Anglais, ils s’adressent des lettres avant d’échanger des fichiers sur BBS (Bulletin Board System), lointain aïeul d’Internet. Leur premier défi ? Pirater des systèmes téléphoniques. A l’époque, les communications internationales coûtent un prix fou. « Ma première grosse activité de hack, c’est d’appeler gratuitement via le système des bluebox. On veut s’amuser, on monte un réseau mondial de copains », détaille Max Louarn. Il y croisera Steve Wozniak, le cofondateur d’Apple avec Steve Jobs. C’est l’âge d’or du piratage. La police ne s’intéresse pas à ces jeunes qui se lancent des défis, comme pénétrer Hewlett-Packard, ou alors le Graal, le système informatique de la NASA.

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