Meta a finalement débranché mercredi 14 août le service Crowdtangle. Cet « outil d’analyse de données publiques » permettait notamment aux chercheurs et aux tiers de suivre la propagation de certains contenus viraux sur les principaux réseaux sociaux de Meta, Instagram et Facebook.
Et d’alerter en cas de propagation de fausses informations ou de campagnes de manipulation de l’opinion.
La transparence a ses limites
La fin de Crowdtangle avait été annoncée en début d’année par Meta, et n’a pas surpris grand monde. Acquis en 2016 par la société américaine, le service Crowdtangle a fait l’objet de plusieurs réorganisations internes et n’était plus une priorité de développement pour les équipes de la société. La société n’a pas donné de raison claire pour justifier la fin du support de ce service. Mais certains soupçonnent que les dirigeants de Meta rechignent à maintenir un outil qui mettait en lumière les dérives en matière de modération des contenus. Et la façon dont l’algorithme de recommandations des contenus favorisent certains biais politiques.
En alternative, Meta propose aux utilisateurs de se tourner vers sa bibliothèque de contenus et son API Meta Content Library.
La société assure que ces services ont été conçus « pour nous mettre en conformité avec les nouvelles exigences réglementaires en matière de partage des données et de transparence, tout en respectant les strictes normes de sécurité et de confidentialité de Meta. »
Un remplacement suffisant?
Le timing de cette annonce, dans une année marquée par l’élection présidentielle américaine et de nombreuses autres élections à travers le monde, est néanmoins critiqué. Plusieurs chercheurs et l’ancien dirigeant de CrowdTangle, tout comme certains utilisateurs, soulignent que les outils alternatifs mis en avant par Meta ne permettent pas le même niveau d’information que proposait Crowdtangle. Bref, de nombreuses fonctionnalités restent à développer pour constituer une alternative valable.
Cette situation a poussé la Commission européenne à demander des précisions à Meta vendredi dernier. Elle demande à Meta de fournir des informations précises sur la façon dont la société entend s’acquitter des obligations qui lui incombent au titre du DSA.
Le règlement européen sur les services en ligne prévoit en effet dans son article 40 l’obligation pour les grandes plateformes de proposer un outil de suivi. Cet outil permet d’accéder aux données relatives aux contenus publiés sur le réseau social, à destination de la Commission et des chercheurs indépendants. Meta a donc jusqu’au 6 septembre 2024 pour convaincre la Commission de l’efficacité de ses nouveaux outils.