Après cinq ans de procédure, la justice américaine vient de clore le litige entre Meta (ex Facebook) et la société israélienne NSO Group, ce prestataire spécialisé dans les logiciels espion et les outils de piratage gouvernementaux. Et la facture va être salée pour cette sulfureuse entreprise. Elle a en effet été condamnée à verser près de 168 millions de dollars, soit environ 148 millions d’euros, de dommages et intérêts à Meta.
A l’époque dénommée Facebook, l’entreprise avait porté plainte en octobre 2019. Une procédure lancée après la découverte de l’exploitation d’une faille jour-zéro, des vulnérabilités non connues, ayant servi à surveiller plus de 1.400 victimes, des avocats, journalistes, diplomates ou dissidents politiques.
Une « première victoire »
Pour Meta, cette condamnation judiciaire est une « première victoire ». Au-delà de NSO Group, elle doit constituer à l’avenir « un moyen de dissuasion essentiel contre cette industrie malveillante qui s’attaque » à la « vie privée et à la sécurité » de ses utilisateurs.
Le logiciel espion Pegasus permettait de voler toutes les informations contenues dans un téléphone, que ce soit les échanges sur la messagerie WhatsApp, détenue par Meta, ou les données de toute autre application. Au procès, rappelle Meta, NSO Group a reconnu que le logiciel espion pouvait également activer à distance le micro et la caméra du téléphone.
NSO Group a laissé entendre à l’AFP qu’elle pourrait faire appel, en soulignant un « long processus judiciaire ». Le dernier chiffre d’affaires connu de l’entreprise, « convaincue » que sa technologie « joue un rôle essentiel » dans la lutte contre le crime et le terrorisme, est de 230 millions de dollars. Une somme à mettre en regard des dommages et intérêts qui viennent d’être alloués à Meta.
Des français visés
Poursuivi également par une plainte d’Apple, NSO Group avait eu plus de chance dans ce litige. La firme à la pomme avait finalement demandé l’abandon de la procédure, craignant de mettre en danger avec ce procès « des informations de sécurité vitales ».
L’entreprise avait toutefois été visée par des sanctions du ministère américain du commerce en 2021, une mesure permettant d’entraver ses activités. Selon la presse, le logiciel espion avait notamment été utilisé en France pour tenter d’espionner le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, Alexandre Benalla, le sulfureux ancien chargé de mission à l’Elysée, ou encore des journalistes.