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Cette semaine, plus de 40 Etats américains ont intenté un procès à Meta, la société mère d’Instagram, WhatsApp, Facebook, Messenger et Threads, au motif qu’elle aurait sciemment conçu ses plateformes de réseaux sociaux pour créer une forte dépendance chez ses utilisateurs les plus jeunes. Une dépendance qui aurait des conséquences néfastes sur les jeunes – en particulier en matière de santé mentale.
La plainte vise plus spécifiquement Facebook et Instagram qui, selon les termes des procureurs, « exploitent et manipulent les enfants ».
Pourquoi Meta est-elle poursuivie en justice ?
Plus de 30 Etats ont intenté une action fédérale contre Meta Platforms, Instagram, Meta Payments et Meta Platforms Technologies. Huit autres Etats ont déposé des plaintes distinctes pour des motifs similaires.
La plainte allègue que Meta gère un « système visant à exploiter les jeunes utilisateurs à des fins lucratives ». Ce système est accusé d’augmenter leur engagement pour récolter des données, tout en promouvant faussement des fonctionnalités augmentant leur sécurité alors qu’il leur crée des attentes sociales, modifie leurs habitudes de sommeil et leur donne une mauvaise image de leur corps. Plus important encore, Meta serait au courant des conséquences de ses réseaux sociaux sur les jeunes, et n’agirait pas en conséquence pour les protéger.
Sur ce sujet, la lanceuse d’alerte et ancienne employée de Facebook Frances Haugen avait partagé en 2021 des documents internes à l’entreprise, les « Facebook Papers », qui prouvaient que Meta avait à plusieurs reprises fait passer ses profits avant le bien de ses utilisateurs et utilisatrices. En particulier, ces documents contenaient des recherches faisant un lien direct entre les contenus, filtres et fonctionnalités d’Instagram et des problèmes d’image, d’anxiété et de dépression chez les adolescents.
En outre, les plaignants affirment que Meta, en ce qui concerne Instagram et Facebook, ne respecte pas la Loi de protection de la vie privée des enfants en ligne (Children’s Online Privacy Protection Rule – COPPA). En effet, l’entreprise collecterait les données personnelles d’enfants sans le consentement de leurs parents, ou sans le vérifier.
Les plaignants accusent en particulier le fonctionnement des algorithmes, dont on ne sait pas grand-chose, mis à part qu’ils sont responsables des contenus affichés aux utilisatrices et utilisateurs des plateformes du groupe Meta.
Quel est l’objectif de ces poursuites ?
La plainte, collective, concerne 33 procureurs généraux aux Etats-Unis. Les plaignants combinent ainsi leurs ressources et leur expertise juridique pour créer un front uni afin de lutter contre les préjudices subis en ligne par les enfants.
Cette action en justice est notamment comparée à celles qui avaient été intentées contre les industriels du tabac, puis du médicament, toutes deux forcées à changer et à verser de lourds dédommagements à l’issue des procès.
« Tout comme les industriels du tabac l’ont fait par le passé, Meta a choisi de maximiser ses profits au détriment de la santé publique, et plus particulièrement de la santé des plus jeunes », accuse Phil Weiser, procureur général du Colorado, dans un communiqué.
Les plaignants réclament pour une partie d’entre eux des sanctions financières, tandis que les autres demandent une injonction pour empêcher Meta d’utiliser certaines fonctionnalités qui seraient préjudiciables aux enfants.
Pourquoi cette action en justice est si importante ?
Ces dernières années ont été particulièrement importantes dans la lutte pour la protection des enfants en ligne. Amazon, Google, YouTube, Microsoft et Meta, notamment, ont été poursuivis, dans l’Union européenne et aux Etats-Unis, pour non-respect des lois assurant la protection des enfants sur internet.
TikTok est également impliqué dans des problèmes juridiques concernant la sécurité des enfants sur internet, dans le cadre d’une enquête lancée en 2022 pour déterminer si la plateforme respecte les lois sur la protection des consommateurs.
Bien que les recherches sur le sujet soient encore insuffisantes, de nombreux experts accusent les médias sociaux d’avoir des effets négatifs sur les compétences sociales des adolescents, ainsi sur leur bien-être émotionnel et mental. A l’ère numérique, il est pourtant essentiel pour les enfants d’être connectés. Mais cela doit se faire dans un cadre. Or, les parents ne sont pas toujours en capacité d’imposer des limites, et ils ne peuvent pas surveiller constamment leurs enfants. C’est dans cette brèche que les géants technologiques s’engouffrent.
Mais que se passe-t-il lorsque ces derniers accordent plus d’importance à leurs profits qu’au bien-être de leurs utilisatrices et utilisateurs, en particulier des plus vulnérables et impressionnables, les plus jeunes ? Pour l’heure, les avocats et les législateurs s’accordent à dire que ces entreprises doivent améliorer les mesures de sécurité de leurs plateformes, afin que les enfants qui y sont connectés puissent rester en bonne santé en naviguant en toute sécurité.
Source : ZDNet.com